Être prêtre, prophète et roi, comme notre baptême nous en donne la grâce…

St Pierre, dans sa lettre nous dit : «Bien-aimés, si vous supportez la souffrance pour avoir fait le bien, c’est une grâce aux yeux de Dieu. » En acceptant de ne plus nous réunir le dimanche à l’église pour célébrer l’Eucharistie, nous avons fait le bien même si c’est pour nous une source de souffrances. Et je comprends l’impatience de certains d’entre nous. Le 2 juin c’est loin ! Mais il me semble, qu’à l’invitation de St Pierre nous devons essayer de reconnaitre les grâces que Dieu nous offre dans cette épreuve.
Jeûner d’eucharistie, si longtemps, est vraiment difficile à ceux qui aiment communier tous les dimanches. Mais me vient à l’esprit certains de nos sœurs et frères qui, parce qu’ils sont divorcés et remariés par exemple, n’osent recevoir le corps du Christ physiquement, et communient tous les dimanches spirituellement. Par l’expérience nous découvrons ce qu’est leur souffrance.
Je pense aussi à un séjour d’un mois que j’ai eu la chance de faire il y a 26 ans au Gabon. Les prêtres de Lambaréné m’ont envoyés quelques jours à la mission St Anne à plusieurs heures de pirogue à moteur, au cœur de la forêt équatoriale. J’y ai découvert une communauté, qui n’avait que 5 à 6 eucharisties par an, et qui était d’un dynamisme magnifique. Ils se réunissaient tous les dimanches pour partager la Parole de Dieu et prier ensemble, assuraient la catéchèse des enfants et la préparation aux sacrements, visitaient les malades et vivaient la solidarité et la fraternité. J’ai vu aussi des hommes et des femmes faire trois heures de marche, allez et retour, pour venir assister à la messe que j’allais célébrer.
En ce dimanche des vocations prions pour que des jeunes répondent à l’appel du Seigneur pour devenir prêtre et donner les sacrements à leurs frères. Mais prions aussi pour que chacun d’entre nous prenne très au sérieux sa propre vocation de baptisé, d’époux, de parents, de grand parent. Que nous sachions tous, là où nous sommes, dans la situation qui est la notre, être prêtre, prophète et roi, comme notre baptême nous en donne la grâce. Prêtre pour prier seul, avec nos proches, avec la communauté. Prophète pour lire, méditer, partager, annoncer la Parole de Dieu. Roi pour faire grandir autour de nous la paix, la fraternité, la justice, en un mot le Royaume de Dieu, son projet pour l’humanité. Si nous voulons de nouveaux prêtres il nous faut construire des communautés vivantes, priantes, témoignantes, fraternelles. Sans chrétiens ni de communautés vivantes pas de prêtre !
Et quand, enfin, nous pourrons de nouveau, nous retrouver pour communier au Corps du Christ, même si ce sera dans des conditions assez contraignantes, n’oublions pas de faire vivre l’Eglise dans nos villages où il n’y a pas d’eucharistie célébrée. Organisons-nous, réunissons-nous régulièrement pour vivre les trois missions de notre baptême. J’espère que le jeûne forcé que nous vivons nous aura donné faim de l’Eucharistie et que nous pourrons faire, sans rechigner, trente kilomètre ou plus en voiture pour vivre cette communion si précieuse à notre vie spirituelle. J’espère aussi que nous communierons au corps du Christ mais avec plus de foi et de ferveur.
Comme nous le dit Pierre « c’est une grâce aux yeux de Dieu », cette souffrance du jeûne eucharistique peut être la source d’un renouveau pour notre vie spirituelle et pour nos communautés, ne laissons pas passer cette chance.

JL Barrié