l’Esprit agit dans le cœur de nos frères et sœurs

Dans la synagogue de Nazareth, Jésus venant de lire un passage du prophète Isaïe et après l’avoir commenté, ses compatriotes ont une réaction un peu étonnante. Dans un premier temps ils sont émerveillés de ce qu’ils viennent d’entendre « Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. » nous dit Luc. Mais immédiatement après leur esprit se trouble, leur vient une question : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? ».
Jésus dit des paroles qui les touchent profondément mais comme ils le connaissent, ou croient le connaitre, ils sont troublés, perturbés, questionnés.
De fait ils ont été à l’école avec lui, ont grandi, joué avec lui dans les rue de Nazareth, il a travaillé chez eux, il a prié avec eux à la synagogue. Rien dans les trente années vécues ensemble ne laissaient présager qu’un jour il prendrait la parole avec une telle autorité. Ils ont de quoi se poser des questions.
Jésus leur répond par ses mots « aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays » et il illustre son propos en faisant référence à deux épisodes de l’Ancien Testament, deux prophètes qui viennent au secours non pas de juifs mais d’étrangers.
Luc donne à comprendre à la communauté chrétienne à qui il s’adresse que le salut donné par Jésus est ouvert à tous, juifs et païens, mais il dit aussi que ce sont peut-être ces derniers qui sont le plus accueillants à son message, qui comprennent qui est Jésus et qui croient en lui avec le plus de conviction. N’oublions pas que les premiers chrétiens ont connu des persécutions, qu’ils ont été rejetés par la communauté juive.
Je crois que, nous chrétiens de souche, chrétiens de longue date, ne sommes pas à l’abri de réagir comme les habitants de Nazareth. Nous risquons de penser que nous connaissons Jésus, que nous connaissons son message, que nous savons ce qu’il faut penser, dire et faire. Et notre assurance risque bien de nous faire passer à côté des appels de Dieu, de son désir, de son Royaume.
St Benoit définit le moine comme un chercheur de Dieu. Cela signifie bien que cette recherche n’est jamais terminée, que l’on ne l’a jamais totalement trouvée, que l’on ne connait jamais vraiment Dieu, mais que la vie spirituelle consiste à le chercher toujours, à remettre sans cesse en cause nos idées préconçues, nos images, nos constructions mentales. Dieu est au-delà de tout ce que nous pouvons imaginer et concevoir. Il a le désir que nous le cherchions toujours et aussi que nous nous laissions chercher et trouver par lui.
Mais la réponse de Jésus aux habitants de Nazareth nous invite aussi à porter un autre regard sur tous ceux qui ne sont pas encore pleinement membres de notre communauté, tous ceux dont l’Eglise est loin. A eux aussi Dieu s’adresse. En eux aussi l’Esprit Saint agit, parle, s’adresse à nous, et par eux aussi Dieu transforme notre monde pour le rendre plus proche du son projet. Le concile Vatican II nous invite fortement à être à l’écoute signes des temps, c’est-à-dire à ce que l’Esprit Saint nous dit à travers nos frères et sœurs en humanité. L’évangélisation, l’annonce de la Bonne Nouvelle du salut en Jésus Christ commence, pour le concile, par écouter ceux à qui nous voulons nous adresser, les écouter pour découvrir l’œuvre de l’Esprit dans leur cœur et dans leur vie et leur permettre de le reconnaitre. Tous ceux qui ont accompagné des adultes catéchumènes peuvent témoigner que cette écoute, quand elle se vit dans le temps et de manière approfondie, révèle des merveilles très impressionnantes. Ne doutons pas que l’Esprit agit dans le cœur de nos frères et sœurs, soyons attentif à en reconnaitre les signes et nous saurons trouver les mots et les attitudes pour leur révéler celui qui habite déjà leur cœur.