Que l’éternité s’ouvre pour tous.

Jésus vient de nourrir cinq milles personnes avec cinq pains et deux poissons. Il a fait ce geste inouï parce qu’il a été pris de pitié pour cette foule, qu’il ne voulait pas les laisser sans nourriture, parce qu’il les aime et veut le mieux pour eux. Mais cela crée un malentendu. La foule qui vient d’être rassasié ne veut plus le quitter et le suit partout, attendant qu’il continue à la nourrir de cette manière.
« Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés. Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle.. » leur dit Jésus. Mais eux n’en démordent pas ils veulent du pain ! Ils font même référence à Moïse qui a donné de la manne au peuple dans le désert. Du pain en abondance sans que l’on ait besoin de travailler, de labourer, de moissonner, de broyer le grain, de le pétrir, de le cuire. Du pain tout cuit, gratuit ! C’est cela qu’il leur a donné la veille, c’est cela qu’ils demandent maintenant pour tous les jours, comme cela ce passait dans le désert, ainsi ils pourront le croire et le suivre puisqu’il sera le nouveau Moïse.
Mais le pain que leur propose Jésus c’est celui de la vie éternelle, c’est lui-même donné en nourriture spirituelle. « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. » Allusions évidente à l’eucharistie, mais pas seulement. Comme l’a dit Jésus à ses disciples après la rencontre avec la Samaritaine : « Ma nourriture c’est de faire la volonté de mon Père. » Jn 4, 34. Le pain venu du ciel que Jésus nous invite à rechercher c’est la volonté du Père, c’est son Royaume de paix, de justice et d’amour à construire autour de nous avec la lumière qu’il nous donne dans sa Parole et la force dont il nous nourrit dans l’eucharistie.
Dans le monde matérialiste dans lequel nous vivons, où seul n’a de valeur que ce qui s’achète, où la réussite consiste à accumuler des biens matériels, chrétiens, nous sommes invité à porter un tout autre témoignage et à rappeler par notre manière de vivre que l’essentiel n’est pas là, que la richesse de l’homme se situe bien au dessus, dans sa capacité à aimer, à donner, à partager.
Un dicton africain dit que les linceuls n’ont pas de poche. Mon papa disait n’avoir jamais vu un coffre fort suivre un cercueil. N’oublions jamais qu’au ciel nous serons riche non pas de ce que nous aurons accumulé mais bien au contraire de ce que nous aurons donné.
Dans notre région de plus en plus de jeunes, souvent très diplômés, arrivent de grandes villes, et s’installent chez nous vivant du travail de la terre, de travaux manuels ou de service à la personne. Cela peut nous surprendre mais je crois que chrétiens nous devons entrer en dialogue avec eux. Ils choisissent une vie simple qui ne peut que nous rappeler cette même sobriété à laquelle nous invite notre pape François dans son encyclique « Laudate si ». Ils viennent enrichir notre région de leur présence, nous pouvons peut-être les aider à découvrir que ce à quoi il aspire n’est pas sans lien avec ce que le Christ Jésus nous propose : de travailler non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle. Je crois qu’ils viennent nous questionner sur notre manière de consommer, et nous pouvons leur proposer l’éclairage de la foi en Christ qui est « le chemin, la vérité et la vie ».
Que Dieu nous donne la grâce de lever notre regard, nos désirs, notre vie au dessus des biens matériels, des richesses périssables et d’avoir pour seule ambition de faire sa volonté pour que son Royaume avance et que l’éternité s’ouvre pour tous.