« Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure. »

09-11-2020

Chers paroissiens,

Je ne sais pour vous, mais moi, j’ai  parfois le sentiment de vivre un temps particulièrement anxiogène. Il m’arrive d’avoir comme un  peu de déprime, le moral en berne, une tristesse et une angoisse à la pointe du cœur. Est-ce bien étonnant ?

Nous vivons une période de notre histoire bien particulière. Il semble que les crises se multiplient pour ne pas dire se généralisent. La crise écologique, la crise pandémique, la crise économique et la crise sociale qui en découlent, la crise  du terrorisme islamique, la crise démocratique  avec la perte de confiance en toutes nos institutions, et aussi la crise de l’Église…

Tout semble être aujourd’hui remis en cause. Comme si nous arrivions à la fin du monde où à la fin d’un monde. Fin d’une époque ou d’un modèle peut-être. Cela est arrivé d’autres fois.

Quand en l’an 70 les romains ont détruit le temple de Jérusalem, les juifs et les chrétiens de l’époque ont cru à la fin du monde, à la Parousie. Ce ne fut pas le cas. Le judaïsme s’est recentré sur le culte à la synagogue, et le christianisme s’est émancipé et est devenu la religion que nous connaissons.

Quand au 5ème siècle  l’empire romain s’est effondré tout le monde a cru à la fin du monde, mais une nouvelle organisation des nations a vu le jour. La grande épidémie de peste noire du 14ème siècle qui a emportée un tiers de la population de notre pays a aussi été vécue comme la fin du monde et pourtant il sera suivi par le grand mouvement dit de la Renaissance qui porte bien son nom. La révolution française avec ses morts et ses bouleversements a pu faire naitre bien des espoirs mais aussi bien des craintes et l’impression pour certains que le monde s’écroulait tout du moins le leur. La dernière guerre mondiale, avec le génocide dans les camps de la mort, crise majeure pour le monde occidental,  a donné naissance à l’Europe et avec elle huit décennies de paix sur notre territoire, du jamais vu.

Dans la bible, les croyants ont vécus bien des crises, esclavage en Égypte, déportation à Babylone… et toujours ils se sont relevés en faisant confiance à Dieu, en s’en remettant à lui  dans la certitude qu’Il ne peut nous oublier, qu’Il ouvrira toujours pour nous des perspectives nouvelles, qu’Il est plus fort que la mort et qu’avec lui la vie a toujours le dernier mot.

Oui nous vivons des temps difficiles, alors raison de plus pour ne pas lâcher la main de Dieu. A l’image d’un enfant capable d’affronter le pire dans la mesure ou il sent sa main solidement tenue par  son papa ou sa maman, de même  avançons avec confiance. Disons avec le psaume 22 « Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure. »

Dieu écrit pour nous un avenir que nous ne pouvons encore deviner. Nous pensons souvent l’avenir en référence à notre passé, Dieu lui sait inventer du neuf. Mais il ne le fera pas sans nous. Alors ne laissons pas l’espérance s’éteindre en nos cœurs, ne laissons pas les ténèbres éteindre la Lumière.

Attachons nous à lui pour tenir jusqu’au jour où un soleil nouveau ne manquera pas de se lever.

Tenons nous solides dans la solidarité avec tous nos frères et en particulier les plus fragiles. Tenons solide dans la fraternité à laquelle nous appelle notre pape dans sa dernière encyclique. On peut y lire, et c’est sur ces mots que je conclue ma lettre de ce jour :

« Nous, croyants, nous devons tous le reconnaitre : l’amour passe en premier, ce qui ne doit jamais être mis en danger, c’est l’amour ;  le plus grand danger, c’est de ne pas aimer. »

Pape François Fratelli tutti N° 92

Très fraternellement

Père Jean-Luc Barrié