Jésus ressuscité se manifeste et se donne à reconnaitre vivant au cœur de la communauté des apôtres réunis. C’est si vrai que le seul absent Thomas, ne peut pas croire. Par contre le dimanche suivant, alors qu’il est avec ses frères, il le reconnait sans avoir besoin de le toucher et il est même celui qui lui dit « Mon Seigneur et mon Dieu », le premier à reconnaitre en lui Dieu lui-même fait homme.
Ce récit nous redit fortement que nous aussi nous avons besoin de l’Eglise pour reconnaitre le Christ Ressuscité au milieu de nous. C’est au cœur de cette communauté que nous pouvons en faire l’expérience. L’adage rappelle qu’un chrétien isolé est un chrétien en danger. C’est au sein de l’Eglise qu’ont été écrits les évangiles, c’est elle qui nous transmet la parole de Dieu. C’est l’Eglise qui nous donne les sacrements qui nous permettent de vivre du Christ Ressuscité. C’est en Eglise que nous recevons la force de l’Esprit Saint pour mettre en œuvre la Parole et vivre au quotidien, de l’amour, de la tendresse, de la vie du Christ.
La première lecture nous décrit la vie de la première communauté. La prière commune, le partage du pain, l’eucharistie, la mise en commun de leurs biens, la joie, la fraternité… tout cela semble bien idyllique, peut être un peu idéalisé.
De fait, le chapitre suivant nous donne à découvrir Ananie qui cache une partie des gains de la vente de ses biens. Tout au long des Actes des Apôtres les différents, les disputent se multiplies et à la lecture des lettres de St Paul on découvre aussi que les communautés étaient traversées de bien des difficultés, de bien des imperfections et de gros problèmes d’unité.
Aujourd’hui, beaucoup se plaisent de rappeler son attitude en Amérique latine au moment de sa découverte par les espagnols, l’inquisition, les buchers pour les sorcières, les guerres de religions, et aujourd’hui tous les scandales autour de la pédo-criminalité. Oui notre Eglise est pécheresse, elle est faite d’hommes et de femmes pécheurs. Et nous les premiers !
Mais peut-être que justement ce qui est le signe le plus fort qu’elle est sainte c’est-à-dire animée par l’Esprit de Jésus Christ Ressuscité, c’est que malgré tous ses péchés, toutes ses erreurs, tout le mal qu’elle a pu faire et qui l’a habité au long de son histoire, elle est toujours là, elle continue de proclamer la Bonne Nouvelle de la victoire du bien sur le mal, de la vie sur la mort, de l’amour sur la violence et la haine. Elle est toujours signe de communion entre les hommes et Dieu et entre les hommes eux-mêmes. Elle est toujours l’oreille, la bouche, la main par laquelle se manifestent l’amour et la tendresse, l’attention aimante de Dieu pour les plus faibles et les plus fragiles. Et là aussi c’est par nous que tout cela se vit, malgré nos faiblesses, nos péchés, nos imperfections.
Si l’Eglise est toujours là, si elle continue sa mission, malgré tout ce qu’elle a vécu, c’est qu’elle est animée par plus grand qu’elle, c’est que Jésus est vraiment ressuscité et vivant en elle. Sinon je suis sûr qu’il y a bien longtemps qu’il n’en resterait rien.
Mais cela l’oblige aussi a constamment et urgemment se convertir pour devenir toujours mieux, toujours plus le corps du Christ par lequel il se donne à voir et agit dans le monde. Je suis sûr que dans les temps difficiles que nous vivons Dieu attend de l’Eglise qu’elle se réforme profondément pour corriger efficacement ce qui en son fonctionnement est contre témoignage.
Oui, nous le proclamons, notre Eglise est sainte parce que habitée et guidée par le Christ Ressuscité.
Nous sommes tous appelés, malgré nos faiblesses, à porter sa présence et sa lumière autour de nous, à témoigner de la joie qu’il met en nos cœurs, de l’espérance qui nous habite.