Fidèles dans les petites choses

Homélie du Père Jean-Luc Barrié :
Jésus nous parle aujourd’hui d’argent. Pour cela il nous raconte une parabole où l’on voit un métayer malhonnête qui, pour s’assurer un avenir, réduit les dettes des débiteurs de son maître de la part qui lui revient, de ce qui faisait son salaire. Il sacrifie ses propres revenus au profit de relations d’amitiés sur lesquelles il espère pouvoir compter dans l’avenir. La parabole se conclue par l’éloge que le maitre fait de cet employé malhonnête car il a agi avec habileté. Et Jésus de commenter : « Eh bien moi, je vous le dis : Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. » Qui sont aux yeux de Jésus les amis qui peuvent nous accueillir dans la vie éternelle sinon ceux qui sont premiers dans le cœur de Dieu, les pauvres, les petits, les sans grades. Souvenons-nous de la parabole du pauvre Lazare, des paroles de Jésus nous poussant à inviter à notre table ceux qui ne peuvent pas nous le rendre, etc.
Ce passage d’évangile se conclu par la phrase « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. » Jésus ne condamne pas en soit l’argent qui est une bonne chose si l’on en fait un bon usage. Il n’est qu’un outil qui, s’il est au service de la justice, du partage, de la fraternité et une très bonne chose.

Mais Jésus dénonce le risque que l’argent devienne un maître, qu’il prenne le pouvoir sur notre cœur et nous centre sur lui, sur le désir d’accumulation et sur une utilisation égoïste. Alors l’argent nous détourne du projet de Dieu, il nous détourne de Dieu.
Si nous faisons parti de ceux qui ont de petits revenus, nous pouvons penser que ces paroles de Jésus ne nous concernent pas trop, qu’elles visent ceux qui en ont beaucoup plus que nous. C’est peut être un peu réducteur car Jésus nous dit aussi aujourd’hui « Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose
est digne de confiance aussi dans une grande. » Et cela vaut surement plus que notre rapport à l’argent. Je crois que Jésus nous invite à porter attention aux moindres petites choses de notre vie de tous les jours et de les vivre de notre mieux dans l’esprit de son amour.
Dans nos attitudes du quotidien, dans les paroles que nous prononçons, aussi banales et anodines qu’elles puissent nous paraître, nous pouvons ou pas être digne de confiance du Seigneur. Je pense à ses mots de jugements, d’accusation, de discrédit, de calomnie, de médisance qui sont capable de détruire la réputation de quelqu’un, de détruire son estime de soi. Nos paroles peuvent être lourdes de conséquences.
Aujourd’hui où toute information, même non vérifié, même mensongère, circule à toute vitesse, nous sommes, chrétiens, appelés à une grande attention, à une grande prudence sur ce que nous répétons ou affirmons. Si l’argent peut devenir un maître qui nous éloigne de Dieu, je crois que des paroles malveillantes par exemple peuvent également nous éloigner de lui. Comme nous sommes invités à utiliser notre argent service de la fraternité, Jésus nous invite aussi à ne pas dépenser notre salive, nos mots pour autre chose que pour bénir, ce qui signifie : dire du bien. Et j’en suis sûr, notre monde s’en trouvera mieux.
Jésus nous invite à faire bon usage de l’argent en le mettant au service de la fraternité, de même il nous invite à mettre ce qui fait le quotidien ordinaire de nos journées au service de l’amour, de la paix et de la justice.
Qu’il nous en donne la grâce.