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La flamme pascale

Homélie du Père Jean-Luc Barrié :
Jean nous dit que c’est « de grand matin » que Marie-Madeleine se rend au tombeau et fait l’expérience de l’absence du corps de Jésus et donc s’apprête à découvrir qu’il est ressuscité.
C’est donc à l’heure où la lumière commence à dissiper les ténèbres de la nuit que les amis de Jésus le découvrent ressuscité. Jésus ressuscité est la lumière qui se lève sur l’humanité et lui annonce son salut.
C’est pour cela que hier soir , nous avons allumé un feu devant l’église, que nous y avons allumé le cierge pascal, et que de lui la lumière s’est diffusée à chaque participants, que chacun a pu porter devant ses yeux la lumière d’une flemme signe d’une lumière bien plus riche, bien plus forte, bien plus rayonnante, celle du Christ Ressuscité.

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Lettre de la Conférence des Evêques de France

Résolument, continuons à servir la vérité !

Chers frères et sœurs dans le Christ,

Les 31 mars et 1er avril, comme nous nous y étions engagés en mars 2023, nous, évêques de France, avons fait un point d’étape sur la lutte contre les violences sexuelles dans l’Eglise catholique. A notre invitation, trois cents personnes : personnes victimes, seules ou en collectifs, invités de nos diocèses, laïcs, prêtres et diacres, religieux et religieuses, experts, responsables associatifs, se sont réunies Cité Saint-Pierre à Lourdes. Pendant trois demi- journées, six tables rondes animées par différents journalistes, des ateliers, un ciné-concert racontant comment une personne victime sort de l’amnésie traumatique et parvient à la justice, se sont déroulés dans un climat de travail commun, d’écoute mutuelle, de bienveillance et de grande exigence.

Nous remercions de tout cœur les personnes victimes et leurs collectifs. Nous sommes reconnaissants du compagnonnage qu’elles ont consenti à vivre avec nous. Leur parole, une fois encore, aide notre Église à faire la vérité pour combattre le mal qu’elle transporte, afin que nous soyons plus fidèles au Christ et à notre mission. Un chemin a été ouvert depuis la remise du rapport de la CIASE ; il est à poursuivre encore et toujours. Il est essentiel qu’avec vous tous, nous progressions dans une culture de la vigilance et de la bientraitance, du respect à l’égard de toutes les personnes, en particulier les plus fragiles et les enfants. La prévention et le compagnonnage avec les personnes victimes sont de notre responsabilité à tous.

Cette session à Lourdes a été marquée par les témoignages bouleversants de plusieurs personnes victimes, parmi lesquelles certaines ayant vécu l’enfer de Bétharram. Nous leur disons combien nous comprenons et partageons leurs cris et leur colère. Nous nous tenons résolument à leurs côtés pour que s’accomplisse sans retard le nécessaire travail de vérité et de justice.

Avec le Secrétariat général de l’Enseignement catholique, avec les congrégations religieuses enseignantes, nous encourageons les personnes qui ont subi des violences physiques ou sexuelles dans des établissements scolaires à se signaler à la justice et à prendre contact avec France Victimes ou les cellules d’écoute de nos diocèses. Nous le redisons avec force et avec les mots du Christ Jésus lui-même : c’est la vérité qui rend libres (cf. Jean 8,32) et ouvre des chemins de guérison.

Plusieurs intervenants ont cité la parole de Dieu à Moïse dans le buisson ardent : « J’ai vu, oui j’ai vu la misère de mon peuple et j’ai entendu ses cris… Oui, je connais ses souffrances » (Exode 3,7). N’ayez pas peur, frères et sœurs, nous vous y exhortons, d’entendre le cri de ceux et celles qui souffrent dans notre Eglise et par elle aussi. Agissons ensemble pour rendre notre Eglise plus sûre. Nous avons besoin de la vigilance et de l’engagement de chacune et chacun de vous pour que notre Église affronte cette crise en se laissant transformer. Nous croyons que notre Dieu est un Dieu qui libère. En entrant dans la Semaine Sainte, écoutons ce qu’il promet : « Je suis descendu pour le délivrer » (Exode,3,8). C’est ce que nous célèbrerons pendant les Jours saints, dans l’espérance de Pâques.

Les évêques de France

Lourdes, le vendredi 4 avril 2025

L’amour pour nous sauver

Homélie du Père Jean-Luc Barrié :

Que de souffrances ! La lecture de la Passion nous plonge dans les tréfonds de la souffrance humaine. Nous trouvons dans ce récit tant de misères vécues aujourd’hui et au cours des siècles par tant d’hommes et de femmes. Souffrances physiques, psychologiques, affectives, sociales… Sur Jésus semble tomber tout ce qui dans le monde accable nos frères et sœurs.
Lui le Fils de Dieu, Dieu fait homme, se trouve défiguré par la souffrance, comme le dit le Prophète Isaîe : « il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme ».
Un jour un jeune me confia qu’il était très gêné par les représentations du Christ en croix, il ne supportait pas toute cette souffrance affichée. Il ne comprenait pas que des chrétiens puissent se recueillir et contempler un tel instrument de torture et un homme mort à bout de force, épuisé de souffrance, étouffé de malheur.
Je crois que la réflexion de ce jeune rejoint la question que beaucoup se posent : pourquoi fallait-il tant de souffrance pour nous sauver du péché et de la mort ?

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Poser un regard sur sa vie

Homélie du Père Jean-Luc Barrié :
Dans ce récit d’une rencontre entre une femme, ses accusateurs et Jésus, il me semble qu’il y a une histoire de regards.
Tout d’abord le regard des scribes et pharisiens sur cette femme dont l’évangéliste Luc ne nous donne pas le nom. Ils ne voient en elle que la faute qu’elle a commise, ils la réduisent à son acte, à sa situation d’adultère. Jésus, lui, ne semble pas la regarder, ni regarder ces hommes qui l’interpellent pour le mettre à l’épreuve. Il est baissé, le visage tourné vers le sol où il écrit du doigt dans le sable. Il se redresse nous dit Luc pour s’adresser aux accusateurs, il les regarde pour leur demander de poser sur eux même un regard de vérité « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » et de nouveau il se tourne vers le sol. Son regard aurait pu être accusateur ou scrutateur, il préfère le détourner, et jouer avec le sable face à ceux qui veulent jeter des pierres. Le regard intérieur que chacun de ces hommes porte sur lui-même, les amène à reconnaitre qu’ils sont pécheurs, qu’ils ne peuvent s’afficher les uns devant les autres comme s’ils ne l’étaient pas.
Quand enfin il est seul avec la femme, Jésus relève la tête et pose sur elle un regard d’amour et de miséricorde, un regard qui rend à la vie, qui ouvre un avenir. « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »
Dans cet épisode Jésus nous révèle le regard d’amour de Dieu pour chacun de nous. Il nous redit son désir de nous pardonner, son attente de notre retour vers lui. Dieu ne nous réduit pas aux actes que nous avons pu posés, aux péchés que nous avons pu commettre mais il voit en nous le fond de notre cœur, notre potentiel d’amour et de vie. Il voit en nous tout ce qui est à sa ressemblance et c’est cela qu’il veut garder, auquel il veut être attentif, qu’il veut voir grandir.
En ce cinquième dimanche de carême, le dernier avant d’entrer dans la semaine sainte, je crois que le Seigneur nous demande de faire sien son regard.

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Rentrer en nous-même

Homélie du Père Jean-Luc Barrié :

Jésus nous offre une très belle et très riche parabole. Essayons de l’accueillir comme si nous l’entendions pour la première fois pour qu’elle nous livre toute sa nouveauté.
On y voit un fils cadet qui réclame sa part d’héritage avant la mort de son père et qui s’éloigne de lui, dépensant toute sa richesse « dans une vie de désordre » Puis l’on découvre un père très aimant qui accueille ce fils prodigue sans jugement, sans reproche, le couvrant de baisés et organisant une fête énorme pour son retours.

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Il ne se décourage pas et continue à travailler, à cultiver les cœurs

Homélie du Père Jean-Luc Barrié :
Pilate a fait massacrer des galiléens, une tour s’effondre et fait dix huit victimes. Ces évènements auxquels l’évangile de ce jour fait allusion nous en rappellent bien d’autres d’aujourd’hui, populations massacrées, morts par milliers dans les différents conflits armés qui ensanglantent notre planète, des chefs d’états qui semblent, à l’image de Pilate, abuser de leur pouvoir et entrainer le monde dans des conflits meurtriers, sans parler des accidents et phénomènes climatiques qui endeuillent tant de familles.
La génération d’après guerre, qui a construit l’Europe, pensait avoir mis notre pays et notre continent à l’abri de ce danger. « Plus jamais la guerre » proclamait le pape Paul VI à l’ONU ! Cette même génération pensait aussi l’avenir comme promettant aux générations futures une vie toujours meilleure. Et voilà que les crises politiques, migratoires, économiques, écologiques, viennent mettre à mal ce grand espoir.
Beaucoup chez nous ne croient plus à cet avenir meilleur, ils désespèrent de l’homme, ne croient plus en sa capacité de construire un monde de paix et de fraternité.
Jésus dans l’évangile de ce jour nous invite à ne pas chercher de réponse trop facile « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! » Par contre il nous invite à la conversion, c’est-à-dire à changer notre manière de penser et d’agir. Il nous invite à l’espérance et à la foi en lui et en l’homme. Car Dieu le Père croit en nous et il a confiance en nous. Dieu croit en l’humanité et lui fait confiance bien plus que les hommes croient en lui et lui font confiance. La preuve, il nous a confié la terre, cette maison commune, sa création, ainsi que l’annonce de notre salut en Jésus Christ, annonce du royaume de paix, de justice et d’amour qu’il veut pour nous.
Face à l’angoisse, à la peur, au désespoir, Jésus nous invite à la confiance, à la foi et à l’espérance.
Il nous le dit fortement avec la parabole du figuier et surtout par l’attitude du vigneron qui donne une chance à l’arbre qui n’a pas encore donné de fruit. Il va bécher autour et y mettre du fumier dans l’espoir qu’il donne enfin les figues savoureuses tant espérées. Ce vigneron c’est Dieu lui-même qui ne se décourage pas devant les erreurs des hommes, devant leur refus d’aimer, leur déni de justice, leur violence, leur égoïsme et soif de pouvoir. Il ne se décourage pas et continue à travailler, à cultiver les cœurs pour que naisse en notre humanité un désir d’amour et de paix plus fort que tout, plus puissant que toutes les forces du mal. Dieu y croit, de tout son être, il ne désespère jamais de nous.
Alors faisons nôtre sa foi et son espérance ! Laissons le bécher notre cœur et le nourrir de sa parole et de son Esprit, apprenons de lui à aimer et à faire grandir autour de nous son royaume. Cette foi, cette espérance nous avons le devoir de les nourrir, de les entretenir, de les faire grandir pour les générations à venir, pour les enfants et les jeunes. Ce serait une très grande faute de notre part que de ne pas leur transmettre cette foi et cette espérance. Car elles sont vitales, et ils en ont un besoin criant aujourd’hui.
Que durant ce carême Dieu nous donne la grâce de grandir nous même en foi et en espérance en lui et en nos frères les hommes et que nous sachions les transmettre aux nouvelles générations.