Homélie du Père Jean-Luc Barrié :
Pour célébrer les saints l’Eglise nous donne à méditer le magnifique évangile des béatitudes. Ce chemin du bonheur, « heureux » nous dit et nous redit Jésus, ce chemin du bonheur est aussi chemin de sainteté. Pour nous le bonheur se trouve dans le projet de Dieu, qui ne veut rien d’autre pour chacune et chacun d’entre nous, puisqu’il est notre Père très aimant. Et ce chemin de bonheur est aussi chemin de sainteté car la sainteté consiste justement à entrer dans le projet de Dieu, faire notre son projet, essayer au mieux d’en vivre au quotidien.
Ce que Jésus nous propose c’est simplement d’essayer de marcher sur ses pas, de nous mettre à son école, de vivre nos relations, l’ordinaire de nos vies sous l’éclairage de ses paroles, de ses gestes, de ses attitudes, de son amour inconditionnel.
Ces mots de Jésus : « heureux les pauvres de cœur… heureux ceux qui pleurent… heureux ceux qui ont faim et soir de justice…heureux les artisans de paix… heureux ceux qui sont persécutés pour la justice… » nous rappellent un autre discours de Jésus, toujours chez Matthieu au chapitre 25. « “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !” »
Ces deux discours de Jésus se font échos, ils se répondent, ils nous disent, chacun à sa manière la même chose, le même appel, la même invitation à suivre Jésus sur le chemin de l’amour, de la miséricorde, de la solidarité, de la fraternité.Le pape Léon XIV vient de publier une exhortation apostolique qui a pour titre « Je t’ai aimé » et qui porte sur la pauvreté. Voici ce qu’il écrit « La sainteté chrétienne fleurit souvent dans les lieux les plus oubliés et les plus blessés de l’humanité. Les plus pauvres parmi les pauvres – ceux qui manquent non seulement de biens, mais aussi de voix et de reconnaissance de leur dignité – occupent une place spéciale dans le cœur de Dieu. Ils sont les préférés de l’Evangile, les héritiers du Royaume. C’est en eux que le Christ continue de souffrir et de ressusciter. C’est en eux que l’Eglise retrouve sa vocation à montrer sa réalité la plus authentique. » N° 76
Dans un long chapitre il relit l’histoire de l’Eglise en relevant comment, à travers les siècles des chrétiens, des saints ont répondu aux besoins des pauvres de leur époque.
Des saints se sont dévoués corps et âmes pour donner à manger, pour habiller les plus démunis. Nous pouvons penser à St Vincent de Paul en France. D’autres ont scolarisé, instruit les enfants pauvres comme Ste Emilie de Rodat, ou visité les prisonniers comme elle l’a fait aussi à Villefranche de Rouergue. Beaucoup ont soigné des malades et des mourants comme Sainte Theresa de Calcutta. Tout au long de son histoire l’Eglise a engendré des hommes et des femmes qui, à la suite et à l’exemple du Christ, ont vu dans les pauvres le visage du Christ qu’ils ont choisi de servir et d’aimer.
Ce chemin de sainteté n’est pas d’un autre siècle. Aujourd’hui encore, comme nous le rappelle notre pape, il est dans l’ADN de l’Eglise que donner une place privilégiée à ceux qui sont abandonnés, qui manquent de tout, que l’on laisse sur le chemin de la croissance et de la mondialisation.
En cette fête de Tous les saints, demandons à ces hommes et femmes que l’Eglise nous donne en exemple, et à qui elle nous confie, d’ouvrir nos cœurs aux appels de nos frères, de ne pas nous enfermer dans le dénie, ou l’indifférence, de la lassitude ou du découragement mais bien de donner le meilleur de nous même au service de nos frères et sœurs qui en ont le plus besoin. Et Toussaint sera ainsi notre fête à tous.
 
		