Dans l’évangile de ce dimanche il me semble qu’il y a deux choses assez étonnantes. Tout d’abord la ténacité de cette femme qui ne lâche pas Jésus tant qu’elle n’a pas obtenu ce qu’elle veut et le fait que Jésus, si j’ose dire, change son programme pastoral.
Cette maman, Cananéenne, fait preuve d’une ténacité dont seule est capable une mère pour le bien de ses enfants. Elle agasse les disciples de Jésus qui ne supportent plus ses cris, elle se jette aux pieds de Jésus et se prosterne devant lui et elle ose même lui répondre, reprendre ses propos pour argumenter encore en faveur de sa fille.
Jésus, dans un premier temps, refuse de l’entendre expliquant à ses disciples qu’il n’a été envoyé qu’aux fils d’Israël. Il est dans la perspective du salut juif qui veut que Dieu a choisi leur nation pour sauver le monde. Dieu s’adresse à eux et c’est à partir d’eux que le monde sera sauvé. Jésus dira aussi à ses apôtres, les envoyant en mission devant lui, de rester dans les limites du pays. Ce n’est qu’après sa résurrection qu’il les enverra dans le monde, évangéliser toutes les nations. On peut dire que le projet pastoral de Jésus est centré sur Israël, il n’envisageait pas, pour l’instant, d’aller ailleurs porter son salut. Et pourtant face à l’insistance, à la ténacité de la cananéenne, il va accepter de changer, de bouger, d’adapter son projet pastoral, et va sauver sa fille.
Il me semble que ce récit nous invite à adopter ces deux attitudes, la ténacité de la Cananéenne et la capacité de Jésus de changer ses projets, de s’adapter à une nouvelle donne.
Il nous faut faire preuve de ténacité dans notre vie spirituelle. Ténacité dans la prière, dans le fait de se donner un temps chaque jour pour nous adresser à Dieu, le remercier, lui rendre grâce pour toutes les joies qu’il donne de connaitre, lui confier nos souffrances, nos difficultés, nos peurs, nos découragements, et lui redire notre confiance. Ténacité aussi pour prendre le temps régulièrement de lire et méditer une page d’Evangile en nous demandant tout simplement ce que le Seigneur veut dire à notre actualité.
Ténacité dans notre pratique du sacrement de l’Eucharistie, nourriture indispensable à toute vie chrétienne, sacrement qui permet à Dieu de faire sa demeure en nous et faire grandir son amour en nos cœurs. Ténacité aussi dans la charité, dans l’attention à l’autre, dans la construction autour de nous du Royaume de Dieu de paix, de justice, de tendresse…
Mais nous avons aussi besoin, comme Jésus, de ne pas nous enfermer dans des programmes trop rigides, trop fermés. Savoir nous ouvrir à la nouveauté, à ce qui se présente d’inattendu, à ce qui bouscule notre confort. Dieu nous parle souvent dans ce genre d’évènement et nous invite ainsi à changer un peu de route, de nous adapter, de bouger pour le suivre. Cela est vrai dans notre vie de travail et de famille où les choses ne se passent pas toujours comme nous l’aurions voulue ou programmé. Cela est vrai aussi en pastorale, dans notre manière de témoigner de notre foi et de vivre en Eglise. Il est des habitudes et des règlements, des « on a toujours fait comme ça », qu’il nous faut revoir sous l’éclairage des évènements ou nouvelles questions qui se présentent.
Que Dieu nous accorde la grâce de savoir à la foi faire preuve de ténacité et aussi d’adaptabilité pour que nous lui soyons toujours plus fidèles, que nous soyons de plus en plus ses disciples.