Le regard bienveillant de Dieu

Homélie du Père Jean-Luc Barrié :

Jésus nous offre une parabole dans laquelle il nous parle deux hommes en prière au temple de Jérusalem.
Le pharisien est un homme pieux, et sa prière le révèle croyant et reconnaissant de ce que Dieu a fait pour lui. Il commence sa prière par ces mots « Mon Dieu, je te rends grâce » Il dit une prière de merci. Il reconnait que s’il n’a pas commis de gros péchés, ni voleur, ni injuste, ni adultère et s’il arrive jeûner deux fois par semaine, ce qui est plus que ne le demande la loi, et qu’il donne le dixième de ce qu’il gagne, ce n’est pas par ses propres moyens, par sa volonté, son courage et sa foi mais bien grâce à Dieu qui lui en donne la force. Et il sait en remercier le Seigneur.
Le publicain lui ne demande rien, il n’ose lever les yeux au ciel parce qu’il se sait pécheur et exprime sa foi dans une simple phrase « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis ! » en d’autres termes : « Mon Dieu, tu sais mon péché, tu sais que je suis indigne de lever les yeux vers toi, mais, s’il te plait, malgré mon péché, montre-toi favorable envers moi, veille sur moi, pardonne-moi. »
Et Jésus nous dit que le publicain, lui plutôt que l’autre, une fois dans sa maison, est devenu un homme juste. La précision de la maison est importante. C’est le lieu de l’intimité en opposition avec le Temple qui est un lieu public. Ce qui veut dire que le Publicain est juste aux yeux de Dieu mais que personne ne le saura, cela restera dans l’intimité de sa relation avec le Seigneur. Et peut-être même ne le sait-il pas lui-même.

Alors, où se situe l’erreur du Pharisien ? Peut-être dans la suite de la phrase qui ouvre sa prière « Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes – ils sont voleurs, injustes, adultères –, ou encore comme ce publicain.» Son erreur est dans le regard qu’il porte sur ses frères.
Ce qu’il dit sur lui-même est vrai et juste, et en plus il en rend grâce à Dieu, reconnaissant que c’est à lui qu’il le doit. Mais cela ne l’autorise pas pour autant à juger ses frères.
Je crois que cette parabole que nous donne Jésus aujourd’hui il nous invite à faire attention justement au regard que nous portons sur nos frères et sœurs et en particulier ceux qui ne vivent pas, de prient pas, ne pratiquent pas comme nous, tous ceux qui nous sont différents d’une manière ou d’une autre. Ne les jugeons pas parce que si cela se trouve ils sont justes aux yeux de Dieu et comme pour le publicain de la parabole ce n’est connu que de lui. Cela relève de leur intimité, invisible à nos yeux d’hommes. Dieu seul sait ce qu’il y a dans le cœur des hommes. Dieu seul a un regard juste et vrai.
Pour le pharisien les publicains sont des traites qui perçoivent l’impôt pour l’occupant romain, ils appliquaient les tarifs de manière arbitraire et en plus, au passage, se remplissaient les poches. Ils sont impurs parce que voleurs et fréquentant les païens. Cet homme pieux ne peut imaginer qu’aux yeux de Dieu ce publicain soit devenu un homme juste.
Même si nous pouvons être choqués par l’attitude, les paroles, les gestes de quelqu’un, nous ne savons pas, nous ne connaissons jamais le fond de son cœur.
Juger l’autre c’est toujours se situer au dessus de lui, c’est le regarder avec condescendance, c’est se mettre à distance, c’est toujours se percevoir soi-même comme supérieur, plus pur, meilleur. C’est pour cela que Jésus conclu en disant « Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »
Demandons à Dieu de nous accorder la grâce d’un regard bienveillant, de nous garder de tout jugement et de savoir rendre grâce pour tout ce qu’il nous donne de vivre de vrai et bon.