Dans la deuxième lecture nous avons entendu St Paul dire aux chrétiens de Corinthe « qu’il n’y ait pas de division entre vous ». Une phrase qui tombe à pic pour cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Unité mise à mal depuis des siècles entre Catholique, Orthodoxes et Protestants. Comme nous le voyons aujourd’hui dans l’Est de l’Europe, unité perdue quand le politique, les gouvernants utilisent la religion au profit des leurs ambitions et soif de pouvoir.
Mais même au cœur de nos communautés chrétiennes locales, Eglise de France, de l’Aveyron ou de la paroisse St Bernard d’Olt l’unité n’est pas si facile à vivre, et des divisions peuvent se faire jour.
St Paul continue en donnant la cause des difficultés rencontrés par les corinthiens : « Chacun de vous prend parti en disant : « Moi, j’appartiens à Paul », ou bien : « Moi, j’appartiens à Apollos », ou bien : « Moi, j’appartiens à Pierre »
Appartenir à Paul c’est se sentir proche de sa volonté d’ouvrir l’Eglise à tous, aux païens, aux non juifs, sans leur demander de passer par toute la tradition et les obligations du judaïsme. Appartenir à Apollo c’est au contraire être très attaché à l’appartenance à la religion juive. Appartenir à Pierre est une autre manière de contester l’autorité de Paul en se référant à celui sur qui repose la responsabilité de l’Eglise universelle.
Il me semble que, même si elles ne s’expriment pas de la même manière, les causes de divisions n’ont pas beaucoup changées.
De fait notre Eglise est traversée par des sensibilités spirituelles et pastorales différentes. Certains sont plus sensibles à la prière, à l’adoration, d’autres à l’action caritative, à l’engagement dans le monde. Certains pensent qu’il faut favoriser une Eglise de chrétiens formés et convaincus, d’autres veulent une Eglise largement ouverte à tous, avec une attention particulière pour ceux qui sont encore loin ou sur le parvis. Certains sont attachés à une liturgie ancienne, ou plus solennelle, d’autres à une liturgie souple et actualisée.
Certains pensent que l’Eglise a le devoir de rappeler la morale à temps et contre temps de manière forte, d’autres qu’elle doit surtout faire preuve de miséricorde… catholicisme intransigeant ou catholicisme libéral.
Toutes ces différences ne sont pas en elles mêmes un obstacle à l’unité. L’Eglise a toujours été traversée de sensibilités diverses. L’unité n’est pas, dans l’Eglise, confondu avec l’uniformité.
Ce qui mets à mal l’unité c’est quand on veut que sa propre sensibilité devienne l’unique possible et acceptable sur un diocèse ou une paroisse, quand on veut imposer sa vision des choses aux autres sous prétexte que c’est celle porteuse d’avenir, ou celle qui pourra sauver l’Eglise en ce temps de crise. Saint Paul nous le dit « soyez en parfaite harmonie de pensées et d’opinions. » Pour qu’il y ait harmonie en musique il faut plusieurs sons qui s’accordent entre eux. Notre diversité est une richesse à condition que nous œuvrions tous à jouer ensemble sur le diapason qu’est le Christ en essayant toujours d’être en harmonie avec son message et sa manière de faire.
Dans l’Evangile nous voyons Jésus appeler les apôtres alors qu’ils sont à leur travail de pécheur sur le bord de la mer de Galilée. Récemment, au cours d’une réunion de catéchuménat, un participant a fait la remarque que celui qui perd tout c’est le père de Jean et Jacques qui se retrouve seul sans leurs bras, et sans le bonheur de voir son entreprise passer dans les mains de ses fils. L’unité est au prix de certains renoncements, à une conversion à la quelle nous invite Jésus. « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »
Que Dieu nous en donne la grâce.