Passer la porte étroite de l’amour

Homélie du père Jean-Luc Barrié :
Jésus nous offre aujourd’hui une parabole bien étrange pour nous avec cette histoire de porte étroite qui se ferme et laisse du monde dehors. Des personnes qui frappent pour qu’on leur ouvre et qui ont des arguments de poids : « Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné sur nos places. » mais un maitre de maison intraitable qui leur dit ne pas les connaitre et enfin l’annonce qu’ils vont voir arriver des personnes venues de l’orient et de l’occident, du nord et du sud, et qui eux pourront prendre part au festin dans le royaume de Dieu. L’explication se trouve probablement dans la dernière phrase « Oui, il y a des derniers qui seront premiers, et des premiers qui derniers. »
Jésus s’adresse à ses frères de confession juive. Ils sont le peuple élu, les premiers à avoir eu la révélation du Dieu unique, nos pères dans la foi. Mais Jésus leur dit aujourd’hui qu’il ne suffit pas d’être fils d Abraham, Isaac et de Jacob, ou descendants des prophètes pour être sauvé, pour avoir part à la vie éternelle. Il faut passer la porte étroite qui est sans aucun doute celle de l’amour à l’image de celui que Jésus est venu nous révéler, un amour à l’image de celui de Dieu. Et tous ceux qui essaient d’emprunter cette porte étroite de l’amour, don de soi pour les autres, peuvent être sauvés, même s’ils ne sont pas de religion juive, membre du peuple juif.
Jésus annonce là le salut universel pour tous ceux qui essaient, en conscience, de vivre cet amour, cette miséricorde qui nous vient de lui.

Que pouvons-nous retenir de cette parabole pour nous aujourd’hui ? Peut-être tout d’abord qu’il ne nous suffit pas d’être baptisés pour être sauvé mais encore nous faut-il vivre en harmonie avec ce baptême reçu. C’est-à-dire que chacune de nos pensées, de nos paroles, chacun de nos actes soient guidé, conduit par ce désir d’aimer comme Jésus nous aime. Pour passer par la porte étroite qui conduit au festin du Royaume, à la vie éternelle de gloire et de béatitude il nous faut mettre en harmonie notre vie, notre manière d’être dans le monde et notre foi en ce salut donné en Jésus Christ.
Cela nous invite aussi à regarder nos frères et sœurs qui ne vivent pas leur foi comme nous, qui n’ont peut-être pas la même foi, ou qui se disent non croyant d’une autre manière. Ils peuvent eux aussi faire partir de ses personnes venues d’orient, d’occident, du nord et du sud, qui nous précéderont en paradis. Le concile Vatican II le dit de manière très forte dans sa constitution Lumen Gentium « En effet, ceux qui, sans qu’il y ait de leur faute, ignorent l’Evangile du Christ et son Eglise, mais cherchent pourtant Dieu d’un cœur sincère et s’efforcent, sous l’influence de sa grâce, d’agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, ceux-là peuvent arriver au salut éternel. » On ne peut être plus clair !
Jésus nous invite à passer par la porte étroite de son amour universel, et aussi à reconnaitre en nos frères et sœurs l’œuvre de son Esprit, qui est capable de faire passer par cette même porte des frères et sœurs qui pourtant ne le connaissent pas. Je crois qu’il nous invite aussi à nous en réjouir, car à la question « Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? » Jésus semble répondre « bien plus que vous ne croyez, mais que cela ne vous empêche pas de faire le maximum pour me suivre sur le chemin de la vie divine qui est chemin du don de soi par amour pour ses frères. »
Qu’il nous en donne la grâce.