« Frères, autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes lumière ; conduisez-vous comme des enfants de lumière – or la lumière a pour fruit tout ce qui est bonté, justice et vérité – et sachez reconnaître ce qui est capable de plaire au Seigneur. »
St Paul par ces mots nous aide à méditer l’évangile de ce dimanche en nous indiquant la voie à suivre.
Jésus rend la vue à un aveugle de naissance qui, découvrant la lumière, va, petit a petit, grandir dans sa foi jusqu’à sa déclaration finale « Je crois, Seigneur ! »
Au contraire d’autres vont rester dans les ténèbres. Ses voisins aveuglés par leurs habitudes, ne l’ayant toujours vu que non-voyant et mendiant, ils ne peuvent le reconnaitre. Les pharisiens, aveuglés par leur lecture stricte de la loi, ne peuvent concevoir que Jésus qui à leurs yeux ne respecte pas le repos du sabbat puisse être envoyé de Dieu et faire un tel miracle. Les parents du miraculé qui sont aveuglés par leur peur. Tous sont dans les ténèbres dont nous parle St Paul.
Mais l’homme guéri, lui, avance dans la lumière développant son témoignage à mesure qu’on l’interroge, jusqu’à oser affirmer à propos de Jésus : « Si lui n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. »
Le temps du carême est un temps privilégié pour sortir des ténèbres et nous avancer vers la lumière qui va jaillir du tombeau au matin de pâques. Ouvrir nos yeux à cette lumière, les y habituer pour qu’ils ne soient pas éblouis par elle. Et pour cela il nous faut renoncer à nos propres aveuglements, ceux qui nous paralysent, comme nos habitudes, nos lassitudes, nos certitudes, nos rigidités, nos jugements hâtifs et nos peurs.
Ouvrir nos yeux pour reconnaitre tous les signes de la présence et de l’action de Dieu dans nos vies et dans celle de nos frères et lui en rendre grâce. Prendre du temps pour scruter au long de nos journées tous les sourires, les mots de réconfort ou de joie, les coups de mains, les gestes de tendresse, qui nous ont été donnés. Chercher tout ce qui dans une journée a été pour nous lumière, source de joie et de paix.
Développer ainsi une vision lumineuse, qui ne s’arrête pas sur le négatif, le douloureux, le difficile, mais se focalise sur ce qui nous est donné comme grâce. Et ouvrir largement notre prière à la louange, au merci et à l’action de grâce.
Guérir aussi de sa cécité en ouvrant tout grand nos yeux sur nos frères et sœurs qui attendent de nous un regard, un sourire, un geste de tendresse, une parole de réconfort, une aide que ce soit autour de nous ou plus loin.
Ne pas détourner le regard de ce que vit une grande partie des habitants de cette planète, qui demandent un peu de notre richesse, une peu de notre confort pour eux survivre, nourrir correctement leurs enfants, leur offrir une éducation et une minimum de soin. Sortir des ténèbres c’est aussi accepter de voir en face, de regarder et de manière attentive, ce que nous pouvons faire pour eux en sacrifiant un peu de notre surabondance. En un mot devenir lumière, faire briller un peu plus de lumière dans le monde par le partage et la solidarité.
Demandons à Dieu de nous libérer de nos aveuglements et de préparer nos yeux à contempler la lumière étincelante et infinie de Pâques.