Le seul miracle que nous pouvons demander

Après avoir rendu la vue à un aveugle, Jésus rend la vie à son ami Lazare.
Dans cet évangile nous voyons Jésus touché par la peine du deuil, nous voyons Jésus pleurer, comme dans d’autres passages être pris de pitié, de compassion, parfois déçu ou en colère. Jésus est pleinement humain, et c’est au cœur même de cette humanité qu’il nous révèle le visage de Dieu.

Sa sensibilité à la souffrance de ses amies l’amène à poser un acte fort, ce que nous appelons un miracle. Ce que lui appelle un signe, un signe pour que ses contemporains puissent entrer dans une démarche de foi, pour qu’ils puissent comprendre le message, des signes qui confirment ses paroles.
Il le dit lui-même sans sa prière devant le tombeau de Lazare : « je le dis à cause de la foule qui m’entoure, afin qu’ils croient que c’est toi qui m’as envoyé. »
Il y a huit jours, lors d’une réunion, quelqu’un a posé la question « s’il est capable de faire des choses pareilles pourquoi ne règle-t-il pas le problème de la famine dans le monde, les guerres et toutes les catastrophes qui font souffrir tant de personnes ? » Bonne question.
Tout d’abord Jésus, durant ses trois ans de mission, n’a pas rendu à la vie tous les défunts de Palestine, ni rendu la vue à tous les aveugles, purifié tous les lépreux, guéri tous les paralytiques… Au gré de ses rencontres il   a été sensible, il a compatie à la souffrance de ses contemporains et posé quelques signes de son projet pour l’humanité, quelques signes de l’amour et de la tendresse du Père.
François Varillon, théologien, à écrit à ce propos : « Le fond de ma pensée, c’est que Dieu doit souffrir beaucoup de ne pas intervenir. Mais en n’intervenant pas, il obéit à son amour et s’il intervenait à tout bout de champ pour nous procurer des faveurs, pour nous dispenser d’accomplir notre tâche humaine ou pour nous la faciliter, je crois que Dieu se trahirait lui-même, il démentirait cet amour qu’il est en son fond… Les miracles sont des signes qui nous interpellent…Le miracle, s’il me fait signe, cela veut dire que je dois me retrousser les manches, que Dieu n’interviendra pas davantage. Ce n’est pas lui qui règlera, comme par un coup de baguette magique, la question de la paix ni celle de la justice dans le monde, mais il me fait signe pour que je n’oublie pas la tâche que j’ai à accomplir. »
Dieu nous aime trop pour faire à notre place, il nous donne les signes du chemin qu’il nous faut emprunter, de l’amour qu’il nous faut partager.
Il serait infantile de notre part de nous dégager de toute responsabilité en pensant que c’est à Dieu de régler tous les problèmes. Dieu nous a confié le monde ce n’est pas pour reprendre la main, et décider et faire sans nous.

En ce dimanche du CCFD, instrument que les évêques de France  nous donnent pour vivre notre solidarité avec les plus pauvres il nous est bon de comprendre qu’avec l’aide de Dieu c’est sur nous que repose la survie et le bonheur de nos frères et sœurs en humanité.
Le CCFD nous rappelle que toutes les cinq secondes, un enfant en dessous de dix ans meurt de la faim ou de ses suites immédiates. Que l’agriculture mondiale pourrait nourrir normalement douze milliards d’êtres humains, soit pratiquement le double de l’humanité actuelle, si la distribution des aliments obéissait à des critères équitables et justes, et non au pouvoir d’achat du consommateur. Il n’y a donc pas de fatalité.
Et nous ne pouvons pas faire comme si nous ne savions pas. Nous ne pouvons pas nous laver les mains de notre responsabilité en reprochant à Dieu de ne pas faire à notre place. Le seul miracle que nous pouvons demander c’est la conversion de notre cœur pour que nous apprenions à partager vraiment, à accepter de nous priver un peu de notre confort financier pour être réellement solidaire avec ceux qui n’ont rien.
Que Dieu nous en donne la grâce.