« Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens » Jésus parle des scribes et des pharisiens et dénonce le fait qu’ils agissent en fonction du paraitre. « Ils élargissent leurs phylactères et rallongent leurs franges ; ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues et les salutations sur les places publiques ; ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi. »
Des sociologues parlent de notre société occidentale moderne comme le monde du paraître. On met toute sa vie, ses loisirs, ses repas de famille, ses vacances sur face book ou sur tiktok pour les plus jeunes. « J’existe parce que je paraît» semble être la devise de notre époque.
Cela est vrai aussi dans nos villages où nous faisons attention à ce que les autres pensent de nous et où parfois nous n’osons pas trop nous engager dans l’une ou l’autre action par peur du regard des autres. « Qu’est ce que voisins vont pensés de nous. »
L’importance de la communication n’a jamais été aussi grande et elle touche même l’Eglise qui, pour certains, se doit d’être visible, se montrer pour exister.
Les paroles de Jésus sont donc d’une actualité criante. Son discours sur les titres de Rabbi, de maitre ou de père va dans le même sens. «Vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux… vous n’avez qu’un seul maître, le Christ. ».
Jésus nous invite à donner à notre vie une toute autre orientation et priorité. Souvenons-nous de l’Evangile que nous entendons le mercredi des cendres ; « quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra… quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite ; »
Jésus nous invite à la discrétion, à la pudeur mais surtout, je crois à l’intériorité. Ce qui compte ce n’est pas ce qui se voit, ce que je laisse paraître de moi-même mais bien ce qui m’anime au plus profond de moi. Nous savons tous que l’image que nous donnons de nous même peut être trompeuse.
Jésus nous demande de mettre le plus possible de la cohérence entre ce que nous sommes intérieurement et ce que nous laissons paraitre de nous même. D’être vrai. Que ce que je crois et ce que je vis soit en adéquation. Que ma manière d’être dise ce qui anime mon cœur.
Et alors nous comprenons que ce qui est le plus important ce n’est plus le paraître mais bien l’être intérieur. Que va vie intérieure, ma vie spirituelle puisse irradier, puisse transfigurer ce que l’on voit de moi. D’où la priorité donnée à nourrir, à développer une vie intérieure, une intimité avec le Seigneur, une relation amoureuse avec lui, un dialogue amoureux régulier avec lui. Car c’est lui, par sa présence en nos cœurs, par l’action de son Esprit Saint qui pourra faire naître en nous l’être que nous sommes vraiment et lui permettre de rayonner autour de nous.
Nous voilà loin d’un souci de paraitre ou de communication. Nous sommes dans la réponse au plus profond de nos cœurs à la question essentielle: « veux-tu devenir un saint ? » C’est cette question qui devrait animer toute notre vie intérieure et alors nous n’aurons plus d’inquiétude sur notre paraitre, nous vivrions en paix avec nous même et avec les autres.