Homélie du Père Jean-Luc Barrié :
Dans la première lecture comme dans l’évangile nous voyons un appel à la mission. Le prophète Isaïe est appelé à porter la parole de Dieu « Qui enverrai-je ? qui sera notre messager ? » et Pierre est appelé à suivre Jésus « désormais ce sont des hommes que tu prendras. »
Nous sommes tous, par notre baptême envoyés en mission et plus particulièrement en ce dimanche de la santé auprès des malades et personnes âgées pour leur porter la Bonne nouvelle du salut en Jésus Christ et leur manifester par notre manière d’être, nos visites, la tendresse et la miséricorde de Dieu.
Dans ces deux passages bibliques il y a plusieurs points communs dans lesquels nous pouvons nous reconnaitre.
Tout d’abord Pierre comme Isaïe ne se sentent pas à la hauteur de la mission. Pierre qui dit à Jésus « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » et il ne parle pas de sa profession mais bien qu’il n’est qu’un homme avec ses limites et ses faiblesses. Et Isaïe : « Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures … »
Il peut nous arriver de ne pas nous sentir à la hauteur de la mission qui nous est confié, des appels qui nous sont lancés, et je crois que c’est assez sain, le contraire pourrait être le signe d’orgueil. Mais le Seigneur nous dit comme à Pierre « Ne crains pas ». Nous ne sommes jamais à la hauteur de la mission parce qu’elle nous dépasse toujours et qu’à travers nous c’est l’Esprit Saint qui agit, c’est Dieu lui-même qui permet à la graine que nous jetons en terre de donner du fruit. Le Seigneur nous invite à la confiance et à l’abandon. C’est lui qui fait avancer son royaume même s’il ne veut pas le faire sans nous.
Des signes leurs sont donnés. Un ange qui purifie ses lèvres avec un charbon brulant pour Isaïe, un filet plein de poissons pour Pierre. Dieu nous donne aussi des signes pour la mission.
Ce peut être un signe officiel de l’Eglise, mais aussi simplement des appels qui nous sont lancés par nos frères et sœurs et auxquels Dieu nous demande d’être attentifs, réceptifs.
Comme Pierre, nous pouvons parfois nous décourager après avoir péché toute une nuit sans rien prendre, en ne voyant pas les résultats de nos investissements, en nous posant des questions sur l’avenir de notre Eglise locale, en nous laissant emporter par la nostalgie d’un temps plus favorable, ou le rêve de situations plus faciles… Dieu nous invite alors, comme pour Pierre, à lui laisser une place dans la barque et à avancer au large. Cela veut dire ne rien vouloir faire ni entreprendre sans le Seigneur, lui confier notre mission, en lui redisant inlassablement que sans lui nous ne pouvons rien. Mais aussi en acceptant parfois quelques petits déplacements, faire autrement, faire un pas de coté par rapport à nos habitudes, en nous laissant interpelés par lui, par nos frères et sœurs, par l’Eglise.
Pierre n’à surement pas compris les mots de Jésus « désormais ce sont des hommes que tu prendras. », et pourtant même s’il n’a pas compris, même s’il ne peut imaginer ce qui va lui arriver, ce qui l’attends, il se met en marche à la suite de Jésus. « Laissant tout, ils le suivirent. » nous dit Luc.
Nous aussi nous ne comprenons pas tout, bien des choses nous restes mystérieuses, le présent, l’avenir, le fruit de notre travail… mais comme Pierre, Jacques et Jean nous sommes invité à suivre Jésus sur le chemin de l’annonce de sa Bonne Nouvelle et le témoignage de son amour, de sa tendresse, de sa miséricorde pour tous.