Homélie du Père Jean-Luc Barrié :
La liturgie de ce dimanche nous offre d’entendre le dernier chapitre de l’Evangile de St Jean qui nous donne des clefs importantes pour la semaine qui vient et au cours de laquelle sera élu le nouveau pape.
De fait ce chapitre de Jean a pour acteur principal Pierre à qui Jésus confie la mission de veiller sur son troupeau « sois le berger de mes brebis ».
Pierre est celui qui, après la résurrection annonce à ses amis les apôtres, qu’il retourne à la pêche, son premier métier, le lac où Jésus est venu l’appeler à le suivre après lui avoir donné de vivre un pêche miraculeuse. Il est celui qui se jette à l’eau quand son ami Jean lui dit « C’est le Seigneur !»
Fidèle à sa spontanéité et à sa fougue, à son amour pour Jésus, il se jette à l’eau dans les deux sens du terme. Il s’y jette pour rejoindre à la nage le rivage mais aussi il se jette tout entier vers Jésus, se jette à sa rencontre sans hésitation. C’est lui aussi qui ramène le filet plein à craquer. Le chiffre de 153 poissons évoque surement le nombre d’espèces connues à l’époque, et donc signifie qu’il doit prendre dans son filet toutes les familles de la terre, l’humanité toute entière. Sa mission est universelle.
Enfin il doit répondre par trois fois à la question de Jésus « M’aimes-tu vraiment ? ». Cette question répétée correspond aux trois reniements de Pierre mais ce qui est intéressant de noter c’est que Jésus ne lui demande pas s’il croit en lui, s’il croit en la résurrection, s’il restera fidèle à sa parole, non il ne lui demande qu’une chose « Est-ce que tu m’aime ? » Et c’est sur sa réponse affirmative que Jésus lui confie son peuple en lui demandant d’en être le berger. C’est surement cette même question que Dieu ne cesse de nous poser. C’est sur cet amour qu’il envoie en mission.
La mission de Pierre prendra fin à Rome lors de son martyr. Le pape est pape parce qu’il est évêque de Rome.
Je crois que cet évangile nous invite d’abord à nous voir tous et chacun en lieu et place des apôtres dans la barque.
Elle est le symbole de l’Eglise, parfois bousculé par les tempêtes de l’histoire, mais toujours solide et sûre, avec le Christ Ressuscité à son bord et le successeur de Pierre à la barre.
Elle a traversé bien des épreuves, bien des crises, bien des vicissitudes. Mais elle est restée ferme, voguant à travers le temps, toujours fidèle, annonçant la Bonne Nouvelle du Salut en Christ ressuscité, en apportant le soutient et le secours de sa prière et des sacrements.
Les papes successifs ont chacun travaillé à réformer l’Eglise, à adapter la barque aux mers, aux temps qu’elle devait traverser. On ne peut vivre de l’Evangile aujourd’hui comme du temps des persécutions connu des premiers chrétiens. On ne peut annoncer l’Evangile à l’époque du numérique comme à celle ou l’on recopiait à la main les textes sacrés. On ne peut vivre en Eglise à l’heure de la mondialisation comme du temps où le monde connu s’arrêtait aux limites de sa paroisse. Chaque pape a pour mission de conduire le troupeau du Seigneur sur les prés qui lui conviennent pour vivre dans son siècle les aléas et les richesses de son époque. Et ce, tout en se gardant et le gardant dans la grande tradition de fidélité à la parole du Christ Jésus.
Le pape François disait que nous ne sommes pas dans une société en crise mais dans un changement de société. En ses temps nouveaux qui sont les nôtres, ce changement de société, prions que le nouveau pape sache lui aussi nous conduire sur les chemins du Royaume de Dieu tel que le Seigneur les dessines pour nous aujourd’hui. Et n’oublions pas la seule question qu’il nous pose « m’aimes-tu » qui s’exprime dans celle qui lui est jumelle « aimes-tu tes frères » « sois le berger de mes brebis ».