Se mettre à la place de son prochain

Homélie du Père Jean-Luc Barrié :
Un docteur de la loi, un spécialiste de la bible juive, s’adresse à Jésus et lui demande ce qu’il lui faut faire pour avoir la vie éternelle. Jésus lui répond de lire ce qu’en dit la Parole de Dieu et d’en vivre.
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ton intelligence, et ton prochain comme toi-même. »
Mais voilà que cet homme, qui passe sa vie à étudier les textes divins, demande à Jésus de préciser qui est ce prochain.
Pour lui, comme pour beaucoup de monde aujourd’hui, le prochain à aimer c’est celui qui nous est proche, en premier les membres de notre famille, nos amis, nos voisins, et si l’on élargie à la rigueur les habitants de notre pays. Pour le docteur de la loi, qui questionne Jésus, cela ne peut pas aller au-delà des Israéliens, son peuple et surtout pas des samaritains l’ennemi voisin.
Jésus va lui répondre de manière très étonnante par une parabole qui se conclu par « Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? »… « Celui qui a fait preuve de pitié envers lui. » Jésus lui dit : « Va, et toi aussi, fais de même. »
Il y a la un renversement. Le prochain n’est plus celui que je dois aimer, « tu aimeras ton prochain comme toi-même », mais bien moi-même, moi qui doit me faire proche, me faire le prochain, de celui, qui qu’il soit, qui est en souffrance. « Va, et toi aussi, fais de même. » dit Jésus.
De fait dans la parabole le prêtre et le spécialiste de la bible voient le blessé mais passent de l’autre coté, ils ne se font pas proche de lui au contraire ils s’éloignent. Par contre le Samaritain, ennemi juré des juifs de l’époque, lui s’arrête, s’approche jusqu’à toucher le malade, le soigner, le transporter, le confier à l’hôtelier, et même engager son argent pour qu’il soit bien soigné.
Le prochain n’est plus celui que je dois aimer, en priorisant ma famille, mais je dois devenir le prochain, le proche de celui qui souffre sans distinction aucune. Tel est l’interprétation que nous offre Jésus.

Nos contemporains souffrent de bien des maux. La souffrance physique, psychologie, sociale est grande en notre monde. Elle est provoquée par la solitude, l’absence de sens, d’espérance, par l’isolement le rejet ou l’exclusion, par l’handicap, la maladie, le deuil et je pourrais continuer l’inventaire.
Jésus nous invite à nous faire le prochain, nous faire proche de tous ceux qui souffrent. Nous faire proche cela veut dire aller vers eux, les contacter, leur parler, les toucher, les soigner par un sourire, une parole de réconfort, une caresse, une aide financière. Mais aussi en essayant de leur permettre de trouver un sens à leur vie et retrouver le chemin de l’espérance en témoignant humblement de notre foi. Vous me direz que c’est plus facile avec les membres de notre famille qu’avec les personnes vivant à l’autre bout de la terre. C’est vrai, mais demandons nous quand même si nous ne pouvons pas leur venir en aide au moins financièrement et en les portant dans la prière. Et chez nous veillons à ne pas fermer notre cœur aux appels qui nous sont lancés.
Demandons à Dieu de nous donner la grâce de savoir, comme le samaritain de la parabole, nous faire le prochain de nos frères et sœurs en souffrance.