Homélie du Père Jean-Luc Barrié :
Dix lépreux sont guéris par Jésus mais à un seul il dit qu’il est sauvé. « Relève-toi, ta foi t’a sauvé ».
Les dix ont pourtant été très respectueux de la loi juive. Ils ne s’approchent pas de Jésus et de ses disciples, ils restent à distance comme le prescrit la loi pour éviter la contamination et l’impureté. Ils font ce que Jésus leur demande, aller au temple se montrer aux prêtres. Ce qui correspond aussi aux prescriptions de la loi puisque seul le prêtre peut constater la guérison et donc prononcer la réintégration du malade purifié. Tous obéissent sauf un ! Un samaritain, un étranger, un membre de ce peuple en confit avec les juifs. Lui ne va pas au temple il fait demi-tour et vient se jeter aux pieds de Jésus en rendant grâce à Dieu. Il désobéi à Jésus et à la loi, car un croyant ne se prosterne jamais devant un homme mais seulement devant Dieu. Ce qui veut dire que le Samaritain reconnait en Jésus Dieu fait homme, seul capable de le purifier d’une telle maladie.
Les dix sont guéris mais un seul est sauvé. « Relève-toi, ta foi t’a sauvé ».
Qu’elle est donc cette foi qui est autre que la simple obéissance à la loi ?
La foi dont nous parle Jésus depuis deux dimanches, est confiance et amour.
Elle n’est pas simple certitude de l’existence de Dieu. Elle est prise de conscience que Dieu le premier nous fait confiance. Il croit en nous bien plus que nous ne croyons en lui. Il nous fait confiance, il nous croit capable d’aimer comme il nous aime, de marcher à la suite de Jésus sur le chemin des béatitudes, de la sainteté, de vivre déjà ici bas de la vie éternelle qui nous habite depuis notre baptême et qu’il veut nous partager.
Il croit que nous pouvons valoriser tous les dons qu’il nous a faits, les capacités qu’il a mis en nous, le potentiel de vie et d’amour dont il nous comble. Il nous fait confiance pour mettre en œuvre son projet pour l’humanité, de participer à la croissance de son Royaume.
Comprenant combien Dieu croit en nous, nous pouvons à notre tour croire en lui, c’est-à-dire lui faire confiance, nous en remettre à lui, nous abandonner à lui, le laisser nous guider, nous conduire, nous fortifier, nous éclairer, nous corriger aussi parfois, nous mener à sa béatitude éternelle.
Cette confiance de Dieu pour nous et de nous pour lui, trouve sa source dans l’amour. L’amour infini que Dieu réserve à chacun personnellement. Car Dieu n’aime pas l’humanité comme entité mais il aime chaque être humain, chacun d’un amour personnel.
Fort de cet amour nous pouvons y répondre par le même amour. « Je vous appelle mes amis » a dit Jésus. Une amitié se doit d’être réciproque ou elle n’est pas. Si Dieu nous appelle amis, c’est qu’il attend de nous que nous l’appelions nous aussi ami. Que nous acceptions son amour et le lui rendions de notre mieux.
Une amitié s’entretient pas le dialogue, la présence, l’écoute. Il n’est pas de foi possible sans dialogue d’amour avec Dieu. Le samaritain vient se jeter aux pieds de Jésus et lui rend grâce nous dit St Luc. Nous aussi, pour exprimer notre amour pour Dieu, pour répondre à son amitié, il nous faut entrer en dialogue avec lui, l’écouter dans sa Parole méditée et priée et lui offrir notre action de grâce et nos demandes comme l’ont fait les lépreux de l’évangile : « Jésus, maitre, prend pitié de nous ».
Que Dieu fasse grandir en nous la foi pour que nous puissions entendre Jésus nous dire à nous aussi
« Relève-toi, ta foi t’a sauvé ».