Il est des moments très rares dans une vie que l’on ne voudrait pour rien au monde manquer, des moments qui vous arrachent les tripes, des instants qui vous marquent à jamais… Alors qu’une responsable politique Française déversait son flot de haine et de racisme sur la télévision Française en ce mercredi 14 mars, une maman accompagnée de ses quatre enfants en bas âge montait dans un avion d’Egyptair sur l’aéroport de Kampala (Ouganda). Cette mère de famille, partait pour rejoindre son mari de 36 ans arrivé en France un jour de janvier 2018…
Cette famille Erythréenne avait fait le choix de partir de ce pays en octobre 2016 dans l’espoir de trouver une vie meilleure. Après avoir traversé le Soudan, le Sud Soudan, la maman et ses enfants avaient fait le choix de rester en Ouganda, laissant le papa partir à la conquête d’une terre d’adoption. Après avoir traversé de nuit la méditerranée sur une embarcation de passeur au péril de sa vie, le papa avait débarqué sur une plage grecque. Il était resté quelques mois en Grèce avant de gagner l’Italie puis la France… Après avoir dormi plusieurs nuits sous les ponts de Paris il avait gagné un foyer de demandeurs d’asile à Toulon. A Toulon il avait séjourné 10 mois apprenant d’arrache-pied le français. Il avait même commencé à travailler pour une société « véreuse » qui exploitait des personnes en situation de grande précarité, une sorte de boite qui pratiquait l’esclavagiste moderne.
Un jour de novembre 2018 on a proposé au papa de venir vivre dans un petit village perdu au milieu des montagnes du nord Aveyron. Le papa avait trouvé que ce lieu de vie serait idéal pour débuter cette nouvelle vie tant recherchée.
Il était arrivé un jour gris en ce début novembre dans ce petit village de St Chély d’Aubrac. Il ne se doutait pas qu’un vaste élan de solidarité allait se constituer pour le soutenir et faire en sorte qu’il retrouve sa famille. Ces français que l’on dit souvent égoïstes allaient démontrer qu’une petite communauté est capable de faire preuve d’une grande « humanitude ». Les uns lui ont faits des dons, certains l’ont aidé pour remplir des démarches administratives, d’autres lui ont donné des cours de Français… Ce papa a commencé à travailler à la maison de retraite du village, recueillant très vite l’estime de ses collègues et des résidents… Les élus locaux, et nationaux se sont mobilisés pour faire accélérer les formalités de rapprochement familial. Puis un jour de mars la très bonne nouvelle est arrivée ; la France venait de délivrer les visas pour la maman et les enfants.
Ce vendredi matin en montant dans le minibus de la maison de retraite à destination de Paris avec Biniam nous savions que nous allions vivre un moment très rare… C’est fait…
Pour la petite histoire qui s’ajoute à la grande ce papa avait pris la route alors que son épouse étaient enceinte de seulement deux mois. Il a donc fait connaissance avec cette petite dernière au terminal 1 de l’aéroport de Roissy.
Ce 15 mars 2019 restera pour cette famille une des dates les plus importantes de sa vie…