Adorer le Christ, servir nos frères

Homélie du Père Jean-Luc Barrié :

Dans les lectures de ce dimanche il y a une étonnante concordance entre la deuxième lecture et l’Evangile.
Dans le lettre de st Paul nous lisons : « le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit.. » et dans l’évangile de Luc : « Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux, les rompit.. »
Même chose. La Parole nous dit que le dernier repas de Jésus, l’institution du sacrement de l’Eucharistie, le St Sacrement que nous fêtons aujourd’hui et la multiplication des pains, Jésus qui nourrit la foule affamée, c’est la même démarche. L’un donne sens à l’autre, l’un ne se comprend pas sans l’autre. La multiplication des pains fait échos au dernier repas, elle l’annonce, elle le prépare, elle préparer les apôtres à comprendre ce qu’ils vivront le soir du jeudi saint et ce qu’ils devront vivre après la pentecôte quand ils se réuniront et partageront le pain et le vin en faisant mémoire de Jésus.
Il nous est important d’entendre ce que le Seigneur dit à ses amis alors qu’ils s’inquiètent de cette foule qui n’a rien à manger. « Donnez-leur vous-mêmes à manger. »

Jésus nous invite nous aussi à donner à manger à ceux qui ont faim, et plus largement à veiller sur nos frères et sœurs, qui qu’ils soient, où et d’où qu’ils soient, veiller à ce qu’ils aient le minimum pour vivre dignement. Nous ne pouvons fermer les yeux sur les attentent vitales de nos frères et sœurs et penser pouvoir venir communier le cœur léger au corps du Christ lui qui a donné sa vie pour notre salut et qui vient nous nourrir de sa force d’amour. Il y aurait la une contradiction, un non sens dans la démarche.
Un grand prédicateur du 4ème Siècle St Jean Chrysostome a écrit :
« Tu veux honorer le corps du Christ ? Ne permets pas qu’il soit un objet de mépris dans ses membres, c’est-à-dire dans les pauvres dépourvus de vêtements pour se couvrir. Ne l’honore pas dans l’église avec des tissus de soie alors que dehors, tu l’évite quand il subit le froid et le dénuement. Quel avantage peut bien tirer le Christ si la salle du sacrifice est remplie de vases en or, alors qu’il meurt de faim dans la personne du pauvre ? D’abord assouvis la faim de l’affamé et seulement ensuite décore l’autel avec ce qui reste. »
Et le pape Benoît XVI dans son encyclique « Dieu est amour » a écrit « Une eucharistie qui ne se traduit pas en une pratique concrète de l’amour est en elle-même tronquée. »
Nous ne pouvons communier au corps du Christ, l’adorer dans le st Sacrement exposé et ne pas porter attention à nos frères et sœurs en souffrance chez nous et à travers le monde.
Nous pouvons bien entendu nous sentir démunis face à l’immensité de la souffrance sur notre planète et dire comme les apôtres : « Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons. » Mais le Seigneur, comme au jour de la multiplication des pains, nous invite à donner le peu que nous avons. Dans le Talmud, un très ancien commentaire de la bible hébraïque, il est écrit « Qui sauve une Vie sauve l’humanité entière ».
N’oublions pas que quand le mal abonde l’amour doit surabonder et n’oublions pas non plus que l’amour est contagieux. Donnons le peu que nous pouvons autour de nous et l’humanité pourra être sauvée.
Venons communier avec foi au corps du Christ, adorons le dans le St Sacrement Exposé mais avec le ferme désir de donner autour de nous tout cet amour dont il vient combler notre cœur.