Jésus nourrit une foule de cinq mille hommes avec cinq pains et deux poissons ! Il est Dieu fait homme, maitre de la création, et peut donc faire ce miracle. Mais il ne le fait pas tout seul. Il veut avoir besoin des cinq pains et deux poissons offerts par un jeune garçon. Il le fait aussi en communion avec son Père à qui il rend grâce avant de partager le pain. Et de si peu à sa disposition il donne en surabondance au point qu’il en reste 12 paniers, de quoi, symboliquement, nourrir les 12 tribus d’Israël.
Nous qui sommes si souvent confrontés à des situations qui nous dépassent, des problèmes personnels, nationaux ou mondiaux pour lesquels nous ne savons que penser et encore moins comment agir, nous qui sommes si souvent écrasés par l’ampleur des difficultés et des souffrances, et notre absence de moyens pour y faire face ou y remédier, Dieu vient nous dire de ne jamais nous décourager.
Philippe à qui Jésus demande de trouver de la nourriture pour la foule, répond «Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain. » autrement dit « ce que tu demande est impossible ». Philippe a humainement raison. C’est un homme de bon sens, pratique, concret. André, lui, avance bien un semblant de réponse « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons » mais il s’empresse d’ajouter « mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » Effectivement ce don, aussi généreux soit-il, semble bien ridicule face aux besoins. Une petite cuillère pour vider l’océan !
Et pourtant c’est à partir de ce rien ou presque que Jésus va nourrir toutes ces personnes.
Jésus nous dit ainsi que nous pouvons toujours quelque chose, que nous avons toujours la possibilité de donner un peu, de participer même très faiblement à la croissance de son Royaume c’est-à-dire au recul de la violence, de la haine, de l’injustice, de la souffrance.
Il est bien clair que la paix en Ukraine, à Gaza, au Burkina Faso, en Somalie, au Soudan, au Yémen, en Birmanie… ne relève pas de notre responsabilité directe mais la paix et la fraternité dans le monde commence là où nous sommes.
Et qui sait si Jésus ne peut pas faire du petit pas que la paix fait chez nous, une colombe de paix pour ces pays ? Dans la prière nous pouvons lui offrir chaque petit geste, chaque parole qui fait grandir la fraternité autour de nous comme un pain qu’il va pouvoir multiplier.
Et dans ses petits pains il y a ceux dont nous a parlé St Paul. « Ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. »
En ces temps de vacances où l’on se retrouve entre amis, temps de fêtes de villages et de repas de famille, mettons en œuvre ces mots de Paul, ce programme magnifique de construction d’un monde de paix et de fraternité. Imaginez un instant que cela donne l’idée aux dirigeants politiques de notre nation et du monde de faire de même, d’adopter une telle attitudes, imaginez les conséquences que ce cela aurait pour l’humanité si chacune, chacun faisait effort pour avoir beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supporter les autres avec amour ; avoir soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix.
Je crois que, comme pour le jeune homme qui ose offrir cinq pains pour nourrir cinq mille personnes, il nous faut oser offrir autour de nous le cadeau de l’humilité, de la douceur, de la patience, nous supporter les uns les autres. Car si le monde n’en est pas totalement changé tout de suite, la paix et la joie auront tout de même gagnées un peu de terrain et si nous l’offrons à Dieu il est capable d’en faire surgir du bien pour toute l’humanité.