Il n’est pas d’autre chemin…

En méditant cet évangile, ce récit de la tempête apaisée, avec cette barque battue par les vagues, prête à couler et la peur panique des apôtres « Maître, nous sommes perdus, cela ne te fais rien ? », m’est venu à l’esprit toutes ces personnes rencontrées et qui vivent ce même sentiment de peur devant la tempête qui semble s’abattre sur la barque de leur vie.
Je pense à ceux qui vivent une séparation dans la famille, à ceux qui sont confronté à la maladie, ou qui craignent pour l’avenir de leur exploitation agricole, leur entreprise ou leur emploi. Je pense à ceux qui craignent un embrasement mondial suite à tous les conflits qui ensanglantent le monde. Je pense à ceux qui se sentent perdu devant les changements au cœur de notre société, des pans entiers de notre monde, nos habitudes, nos certitudes qui s’écroulent. Je pense à ceux qui sont angoissés par l’incertitude sur l’avenir de notre propre pays et de la fragilité de ses institutions. Je pense enfin à la souffrance de beaucoup de voir notre Eglise perdre de son influence et s’amoindrir de plus en plus.

Nous nous trouvons à un tournant, un changement de société comme le dis notre pape, un changement aussi fort et violent que celui du passage du moyen âge à la renaissance. Comme dit St Paul « Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né ». Nous voyons bien tout ce qui s’écroule et disparait mais nous ne voyons pas encore naitre le nouveau monde.
Face à de telles angoisses quelle peut être notre réaction ? Il me semble qu’elle est de deux ordres.
La première c’est Jésus lui-même qui nous la donne dans l’évangile de ce jour
« Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ? » La foi c’est la confiance. Confiance en l’amour indéfectible de Dieu pour nous. Il nous l’a promis, il est avec nous jusqu’à la fin des temps. Et même si nous avons parfois l’impression qu’il dort sur son coussin à l’arrière de la barque, il est là, il ne nous abandonnera pas et nous donnera toujours la force de faire face aux tempêtes et à nous relever.
Dans la tempête ne laissons pas la peur nous paralyser, ni guider nos choix, tournons nous résolument vers le Christ, demandons son aide, crions lui avec les apôtres « Maître, nous sommes perdus, cela ne te fais rien ? ». Et surtout ne doutons pas qu’il nous permettra de surmonté l’épreuve aussi difficile soit-elle. Avec lui nous construirons le nouveau monde, nous pouvons déjà participer à sa naissance et à sa croissance. C’est la deuxième réponse.
Pour cela il nous faut, je crois, nous appuyer aussi sur son invitation à nous aimer les uns les autres comme il nous a aimé. Voilà bien le phare, le repère, la lumière qui doit guider nos choix, nos décisions, nos actions. Cet amour inconditionnel dont il nous a donné l’exemple jusqu’à donner sa vie sur la croix pour nous. Cet amour qu’il a explicité en disant « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » ou encore « tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi. »
Il n’est pas d’autre chemin pour un chrétien de faire face à la tempête que l’amour. Plus les vents sont contraires, plus les vagues sont hautes, et plus il nous faut faire preuve de fraternité, d’attention aux plus fragiles, de solidarité, de justice et de paix. Notre action ne sera pas veine, c’est par elle que le Seigneur calmera les vents et les vagues. C’est ainsi que pourra naitre le monde nouveau annoncé par St Paul.
Que Dieu nous donne la grâce d’une telle sagesse.