Dimanche dernier nous avons vu Jésus vivre un échec dans son village natal où l’on n’a pas voulu recevoir sa parole sous le prétexte qu’ils le connaissaient lui et sa famille. Aujourd’hui il envoie à leur tour ses apôtres en missions. Et il leur donne comme le manuel du parfait disciple missionnaire.
Tout d’abord il les envoie deux par deux. Cela nous dit que la mission est toujours, toujours une affaire qui se vit en Eglise. Jamais tout seul. Même ceux qui ont des charismes personnels très forts, exceptionnels, uniques, ne peuvent vivre leur mission autrement qu’en Eglise, en communion, en dialogue, en coresponsabilité avec d’autre. Nous ne pouvons être disciples missionnaires seuls.
Jésus leur donne aussi des instructions claires sur les moyens, les outils de la mission. « il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. »
Il les invite donc à la grande pauvreté de moyen.
Peut-être rêvons-nous parfois d’une Eglise riche, puissante, communiquant, faisant parler d’elle, brillante si ce n’est éblouissante de force et de réussite. Jésus nous invite à la pauvreté de moyen. L’Evangélisation, l’annonce de la fois se vit dans la rencontre. Le Cardinal Joseph de Kesel dit que « c’est l’amitié qui évangélise ». Que pour annoncer l’Evangile à quelqu’un il faut d’abord entrer en relation avec lui, une relation totalement gratuite, une relation d’amitié, et c’est au cœur de cette relation que l’annonce pourra se faire et être entendue et reçue. Pour cela il n’est besoin de rien d’autre qu’une oreille attentive, un cœur sachant aimer, une main prête à se tendre. L’amitié ne s’achète pas, elle exige la pauvreté du don gratuit sans intérêt. Tel est le chemin que Jésus trace pour nous dans notre mission d’évangélisation.
Mais cette pauvreté de moyen nous parle aussi de la pauvreté de chacune et de chacun. On pourrait s’imaginer que l’Eglise a surtout besoin de chrétiens très croyants, très pratiquants, formés, compétents, aux multiples qualités et aptitudes.
Je crois que Jésus nous invite aussi à comprendre que ce sont les pauvres qui nous évangélisent, qu’il choisi en envoyant ses apôtres des hommes simples, sans grande culture ni formation, des pécheurs et collecteurs d’impôts.
C’est probablement plus par nos pauvretés personnelles que nous évangéliserons que par un choix élitiste bien plus proche du management d’entreprise que de l’esprit de l’Evangile. En Eglise et dans la mission il ne peut être question de performances et de compétition. Chacun a sa place et les plus petits, les plus faible la première.
Pour seul bagage il leur demande de prendre un bâton, des sandales. C’est l’équipement du pèlerin, de celui qui est en déplacement, en itinérance. Pour être disciple missionnaire, il nous faut accepter d’être toujours déstabilisés, en mouvement, en marche. Rien de pire pour la mission que les « on a toujours fait comme-ça ». Non pas que la nouveauté ait toujours raison mais qu’on ne doit jamais se figer sur nos habitudes, nos certitudes, notre confort.
Enfin Jésus donne une consigne en cas d’échec. « Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. »
Si l’on ne veut nous écouter, Jésus ne nous demande pas d’argumenter, de chercher à convaincre, de forcer la main, de vouloir à tout prix persuader, non, il nous invite simplement à proposer et nous retirer sans rien dire si nous essuyons on refus. La Bonne Nouvelle du Christ Jésus s’offre dans une relation d’amitié, avec notre pauvreté, elle s’offre gratuitement et est laissée à la liberté souveraine de l’autre.
Confiant que l’Esprit Saint agit en nous mais aussi dans le cœur de celui auprès de qui nous témoignons, osons sortir pour annoncer l’Evangile, proposer notre simple et pauvre témoignage et nous serons vraiment les disciples missionnaires du Christ.