Homélie du Père Jean-Luc Barrié :
En méditant cet évangile je me suis arrêté sur la phrase de conclusion « Cependant, le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? » en me demandant quel rapport il y avait avec le fait que « Jésus disait à ses disciples une parabole sur la nécessité pour eux de toujours prier sans se décourager » comme l’écrit l’évangéliste Luc.
Je crois que, simplement, Jésus veut nous dire qu’il n’y a pas de foi possible sans prière.
Si la foi est bien la conscience que Dieu nous aime, qu’il veut être notre ami, faire sa demeure en nos cœurs, nous nourrir de son amour, qu’il ne veut qu’une chose notre bonheur pace qu’il nous aime, et qu’en conséquence il quémande notre amour, notre amitié, qu’il attend de nous que nous l’aimions de tout notre cœur en aimant nos frères et sœurs, alors la prière est vitale, indispensable à notre foi.
Il n’est pas d’amitié réciproque sans présence, sans relation, sans dialogue, sans écoute. Quand nous ne voyons plus des amis, que nous ne communiquons plus avec eux, quand nous n’avons plus de relations suivies, alors l’amitié se meurt, elle ne devient que le fantôme d’un souvenir.
Pour qu’une amitié vive il faut la nourrir de dialogue, d’écoute, de relations régulières.
Je crois qu’il en va de même pour notre foi, c’est-à-dire notre relation à Dieu. Et la prière est le lieu de cette relation.
Une des plus belles définitions de la prière est peut être celle qu’écrit St Thérèse de l’Enfant Jésus dans son autobiographie « Pour moi, la prière c’est un élan du cœur, c’est un simple regard jeté vers le ciel, c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie. ». Un élan du cœur, un simple regard jeté vers le ciel.
Le saint curé d’Ars lui nous dit « Certains s’imaginent que plus ils prient, mieux ils prient. On n’a pas besoin de tant parler. On sait que le bon Dieu est là, on lui ouvre son cœur, on se complait en sa présence. »
Tous les deux nous disent, avec leurs mots, qu’il ne nous faut pas nous prendre la tête pour trouver comment prier. Un élan du cœur, un regard, ouvrir son cœurs… des choses simples.
Il est bien des formes de prières : la prière du Notre Père et du Je vous salue, la prière du rosaire fortement conseillée par nos papes ; la prière des psaumes, prière biblique s’il en est ; la méditation de la Parole de Dieu ; l’oraison, cœur à cœur amoureux avec le Seigneur. Elle peut être demande, action de grâce, adoration ou louange, ou encore simplement silence. Mais il y a aussi les prières communautaires que sont les sacrements, l’adoration eucharistique, la prière de louange…
Je ne crois pas qu’il faille chercher à établir une échelle de valeur entre elles. Même si l’eucharistie est bien évidement nourriture indispensable. Chacun doit chercher sa voie, son chemin, la ou les formes de prières qui lui conviennent le mieux. Peut importe la manière ce qui compte, comme nous le dit Jésus aujourd’hui, c’est de persévérer, de ne pas nous décourager, même si nous traversons une période plus difficile, plus aride dans notre vie spirituelle, même si parfois le doute s’insinue. Tenir bon dans la fidélité à la prière quotidienne c’est comme, quand on est enfant, serrer la main de son papa ou de sa maman pour ne pas se perdre et ne pas tomber. C’est faire acte de confiance et donc de foi.
L’office divin, que disent les prêtres, religieuses et moines commence par ces mots : « Dieu viens à mon aide, Seigneur à notre secours. » Commençons toujours nos prières en demandant à Dieu de nous apprendre à prier, d’ouvrir notre cœur à sa présence, de nous souffler, par son Esprit, les mots de la prière. Ainsi elle saura nous unir à lui d’un amour puissant et persévérant.
Que Dieu nous en donne la grâce.