C’est le premier dimanche de l’année liturgique, le premier dimanche de l’Avent que l’Eglise de France a choisie de nous donner la nouvelle traduction du Notre Père.
Il faut tout d’abord remarquer qu’une seule phrase est changée, l’avant dernière : « et ne nous soumets pas à la tentation » devient « et ne nous laisse pas entrer en tentation. »
Pourquoi cette nouvelle traduction ?
La précédente n’était pas fausse mais depuis longtemps elle posait problème dans sa compréhension. Mal interprétée elle pouvait être comprise comme affirmant que c’est Dieu qui nous tente. Hors dans sa première lettre St Jacques nous dit « Dans l’épreuve de la tentation, que personne ne dise : « Ma tentation vient de Dieu. » Dieu, en effet, ne peut être tenté de faire le mal, et lui-même ne tente personne. » Jc 1, 13
Dieu ne nous tente pas mais il sait que la tentation est au coeur de notre vie. Son Fils Jésus lui-même a été tenté au désert ainsi qu’au jardin des oliviers quand il voyait approcher l’heure de sa passion. St Paul dans sa première lettre aux Corinthiens nous dit : « Dieu est fidèle : il ne permettra pas que vous soyez éprouvés au-delà de vos forces. Mais avec l’épreuve il donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter. » 1 Cor 10, 13
La tentation est aussi l’épreuve qui purifie notre foi. St Pierre dans sa première lettre compare ces épreuves au feu qui purifie l’or et nous dit que, de la même manière, elles purifient notre foi. Quelle liberté aurions-nous si notre foi était facile, jamais affrontée au doute, au choix ? Que deviendrait notre liberté si nous n’étions tentés de dire non ? Et nous savons combien l’épreuve peut aussi, quand elle est surmontée, faire grandir notre foi et nous-même.
Ce que nous demandons ce n’est donc pas que Dieu nous évite toute tentation mais qu’il veille à ce que nous ne soyons pas tentés au delà de nos forces et surtout qu’il nous donne la force de son Esprit Saint pour dire oui à sa vérité et non au mensonge.
La nouvelle traduction « ne nous laisse pas entrer en tentation » dit bien que le chemin de foi est un chemin de combat spirituel dans lequel il nous faut résister, ne pas nous laisser emportés par le mal, qu’il nous faut lui fermer la porte pour ne pas entrer dans la spirale du péché.
Cette prière du Notre Père nous la récitons souvent sans trop y faire attention, du bout des lèvres, du bout du coeur. N’est ce pas l’occasion, avec cette nouvelle traduction à apprendre, de la dire avec plus d’attention et plus de coeur.
Père Jean-Luc Barrié