Homélie du Père Jean-Luc Barrié
“Ils sont beaux les mots qui jaillissent du cœur d’Elisabeth à l’arrivée de Marie : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. » Mots que nous répétons dans la prière du « Je vous salue Marie ». Ces mots expriment la joie qui est la sienne de découvrir que Marie lui porte à domicile si j’ose dire, la présence mystérieuse du Messie, celui que le peuple d’Israël attend depuis si longtemps comme l’a exprimé le prophète Michée dans la première lecture. Christ est là même s’il n’est pas immédiatement visible, il est présent mais de façon mystérieuse, et pourtant Elisabeth n’hésite pas à le reconnaitre sur le simple signe que son enfant à tressaillie en elle. Ce ne devait être la première fois que Jean-Baptises bougeait un peu mais elle a su reconnaitre un signe de Dieu dans cet invisible, dans ce mouvement soudain de son bébé.
Elisabeth comprend que l’enfant que porte Marie n’est pas n’importe quel enfant mais bien l’envoyé de Dieu, le Fils de Dieu qui vient nous sauver. D’où sa reconnaissance et son étonnement « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? »
Il nous est surement arrivé lors d’une rencontre de découvrir dans le sourire, la présence, la parole ou un geste d’une personne que c’était le Seigneur lui-même, à travers cette personne qui nous parlait, qui nous visitait, qui nous soutenait ou nous guidait.
De fait tout homme, toute femme, est habité au plus profond de son cœur par l’Esprit de Dieu. Il est donc porteur, souvent sans le savoir, de la présence et de l’action de Dieu. Jésus nous l’a dit de bien des manières. Par exemple quand il s’identifie à nous « chaque fois que vous l’avez fait à l’un des plus petits c’est à moi que vous l’avez fait » ou quand il nous dit « en vous nous viendrons faire notre demeure. »
Nous sommes donc tous, un peu à la manière de Marie, porteurs de Dieu, qui pouvons le porter à la rencontre de nos frères et sœurs. Encore faut-il que nous fassions l’effort d’aller vers eux avec la bienveillance, l’amour, la tendresse dont Dieu nous rend capable, que nous acceptions d’être transparents à son infinie bonté, à sa lumière, à sa vérité.
Mais nous pouvons aussi, comme Elisabeth, le reconnaitre qui vient à nous à travers nos frères et sœurs. Et apprendre avec elle à rendre grâce pour sa présence et sa visite. Voir en tout homme, toute femme un être porteur de Dieu, d’une parole, d’une lumière, d’une vérité venue de lui, voilà bien une chance d’apprendre à aimer comme Dieu mais aussi d’en apprendre un peu plus sur lui et sur ce qu’il attend de nous. Cette présence est comme dans l’expérience de la visitation, un peu cachée, discrète, mystérieuse. Il nous faut donc beaucoup de volonté et d’attention pour le reconnaitre. Les signes de sa présence sont souvent presque imperceptibles, assez banals, gestes du quotidien, qui n’ont rien d’extraordinaire. Cela va d’un sourire qui nous réchauffe le cœur, une main tendue qui nous relève, une parole qui nous éclaire, une présence qui nous rassure, un regard qui nous rend confiance. Ne passons pas à coté sans les reconnaitre comme signes de notre Seigneur et sans lui en rendre grâce à la manière d’Elisabeth.
Dans deux jours nous fêterons Noël, mais c’est Noël chaque jour si nous savons reconnaitre Jésus qui vient à notre rencontre à travers nos frères et sœurs.”