En méditant la parabole que nous Jésus donne aujourd’hui, avec ce premier fils qui dit non à son père puis fini par lui obéir m’est revenu en mémoire mon enfance. Quand mes parents me disaient « habille toi pour aller à l’école » et que je répondais « J’ai pas envie ». Ou encore « Viens m’aider à mettre la table » et de répondre de même «J’ai pas envie. »
Il me semble que c’est un peu l’attitude de ce fils. Il répond spontanément à son père qu’il n’a pas envie d’aller travailler à la vigne, mais après réflexion, sachant que ce travail est pour le bien de toute la famille et aussi pour le sien, finit par dépasser son manque
d’envie et part prendre part à la vie de la maison.
Notre société occidentale contemporaine est très marquée par le «j’ai envie – j’ai pas envie ». Nous fonctionnons beaucoup sur ce critère. Je vois par exemple de jeunes chrétiens croyants, pratiquants venir à la messe dominicale quand ils en ont envie ou qu’ils en sentent le besoin sans se sentir tenu à une pratique régulière de tous les dimanches. On me dit aussi que l’on inscrira son enfant en catéchèse « s’il en a envie ». Et cette prééminence de l’envie du moment nous touche tous car elle est tout simplement dans l’air du temps.
Peut-être nous faut-il retrouver, approfondir nos désirs profonds. C’est, je crois ce que fait le fils de la parabole. Chercher au-delà de l’envie du moment quel est le désir profond qui anime ma vie et qui va m’aider à prendre la bonne décision. Si je désire me construire une belle vie et apprendre, agrandir mes connaissances, je vais aller à l’école même si cela ne m’enchante pas sur le moment.
Si je désire le bonheur de ma famille, l’harmonie, la paix, la justice, l’entraide, la tendresse au sein de mon foyer, alors je vais participer aux taches de la maison même si je n’ai pas beaucoup d’appétence pour ces activités.
Si je désire que Dieu ai une place dans ma vie, qu’il guide mes décisions, me soutienne, me nourrice, me comble de sa tendresse, si j’ai un réel désir de son salut, alors je pourrais lui consacrer du temps, dans la prière, la méditation de sa Parole, dans la participation à l’eucharistie même si parfois cela peut me peser. Si je désire que le monde soit plus beau, plus fraternel, plus juste je pourrais mettre en œuvre les paroles de Paul dans la seconde lecture « Frères, s’il est vrai que, dans le Christ, on se réconforte les uns les autres, si l’on s’encourage avec amour, si l’on est en communion dans l’Esprit, si l’on a de la tendresse et de la compassion, alors, pour que ma joie soit complète, ayez les mêmes dispositions. »
Creuser ses désirs profonds c’est, je crois, rechercher au fond de nous l’image de Dieu à laquelle nous avons été créés, c’est aussi nous mettre à l’écoute de l’Esprit Saint qui veut nous guider sur le chemin du vrai bonheur et de la béatitude éternelle.
Je ne crois pas que Jésus ait eu envie de mourir sur la croix, mais son désir était de nous sauver et de nous offrir sa vie divine, et pour cela il a accepté l’inacceptable d’une mort ignoble.
Nous sommes tous invités à marcher dans ses pas et à nous consacrer nous aussi à ce qu’il y a de plus beau, de plus profond, de plus vrai en nos existences pour participer à notre mesure à la croissance de son Royaume de paix et d’amour, pour que la vie des hommes soient plus belle et plus proche de son projet et un jour entrer dans cette vie d’absolue bonheur, de totale paix, et de joie infinie qu’il veut nous offrir.