Trois étrangers, venus de loin, cherchent le nouveau roi qui vient de naitre. Hérode, les scribes, les savants de Jérusalem et tous les habitants de la ville sont bouleversés par cette annonce, mais aucun ne se déplace, personne ne bouge, si ce n’est ces trois étrangers. Eux seul font preuve de foi et vont se prosterner devant un enfant couché dans la paille. L’évangéliste veut clairement nous dire, ou plus exactement dire à la communauté chrétienne d’origine juive de Jérusalem pour qui il écrit, que les païens eux aussi sont appelé à croire en Jésus, à mettre leur vie à son école, à devenir ses disciples. Cela fait échos aux dernière lignes de son évangile où Jésus envoie ses apôtres, annoncer l’Évangile au monde entier « Allez ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. »
Et les autres lectures de ce jour ouvrent aussi notre regard au-delà de nos frontières.
Le prophète Isaïe « Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. »
St Paul : « Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. »
Il me semble que cette fête de l’Épiphanie, révélation du mystère de Dieu à toutes les nations, nous invite à ouvrir notre regard et notre cœur. Ouvrir notre vision de l’Église à une dimension plus large. Nous ouvrir à ce que vivent les autres continents comme l’Amérique latine, l’Afrique, l’Océanie, ou l’Inde, où les églises et les séminaires sont pleins, ou l’Église est jeune et dynamique. Laissons venir à nous cet air vivifiant qu’elles peuvent nous donner.
Nous ouvrir aussi à ceux qui, fuyants la guerre, l’insécurité ou la misère, frappent à la porte de notre nation. Comme nous y invite inlassablement notre pape ouvrons leur nos bras, ils sont nos frères et nous apportent tout autant que ce que nous pouvons leur donner.
Nous ouvrir aussi les uns aux autres. J’ai l’impression que le premier confinement avait révélé de belles solidarités, des initiatives multiples d’entraide, de soutient. Le deuxième me semble avoir provoqué chez certains un repli sur soi, chacun défendant son intérêt personnel. L’ambiance actuelle est souvent assez électrique, avec parfois de la nervosité, de l’agressivité.
Les temps sont durs pour tout le monde. Mais cette fête de l’Épiphanie, avec la révélation du salut en Dieu présent auprès de nous, ouvert à tous, nous invite je crois à dépasser notre individualisme, notre égoïsme. Dans son encyclique sur la Fraternité le pape François écrit : « La simple somme des intérêts individuels n’est pas capable de créer un monde meilleur pour toute l’humanité… L’individualisme radical est le virus le plus difficile à vaincre. »
Demandons à Dieu qui se fait et se révèle petit enfant, douceur absolue et dépendant entièrement de ses parents, de nous aider à vaincre en nous ce virus de l’individualisme qui marque si fortement nos sociétés occidentales depuis quelques décennies. Pour cela prenons le temps de le contempler couché dans la paille, nous regardant de ses yeux tout emplis de tendresse, nous sourire et nous tendre les bras pour nous combler de sa douceur. Comme les mages, prosternons nous devant lui pour lui redire notre amour et combien nous comptons sur lui pour changer nos cœurs et les rendre toujours plus tendres, plus doux, à l’image du sien, tout au long de l’année qui s’ouvre.