Pierre et les apôtres ont vu le tombeau vide, ils ont fait l’expérience de Jésus ressuscité au milieu d’eux et pourtant ils n’en ont pas tiré de leçon, de conséquence pour leur vie. « Je vais à la pêche » dit Pierre et les autres le suivent. Ils ne vont pas au bord de l’eau pour taquiner la truite et tuer le temps. Ils reprennent leur ancien métier, ils reviennent à leur vie d’avant leur rencontre avec Jésus. Comme si pendant trois ans il ne s’était rien passé. Comme si la résurrection de Jésus ne changeait rien et qu’ils pouvaient reprendre leur petite vie tranquille. Visiblement, pour eux l’aventure avec Jésus s’est terminée à la croix. Et les voilà sur la barque de Pierre, la même sur laquelle Jésus est venu les rencontrer après son baptême et les appeler à le suivre. Et c’est là encore qu’il revient à leur rencontre se révéler à eux.
Il ne leur fait aucun reproche. Il ne leur fait pas de sermon, ni de leçon de théologie, il leur demande à manger. « Les enfants auriez vous quelque chose à manger. » Autrement dit « pourriez-vous me donner un peu du fruit de votre travail ». Puis il provoque une pêche miraculeuse ce qui leur permet de le reconnaitre. « C’est le Seigneur». Une fois réuni autour du feu « il prend le pain et le leur donne ». Allusion très claire au dernier repas, à l’eucharistie.
Christ est ressuscité, il n’est plus au tombeau et l’évangéliste Jean nous aide à comprendre que dorénavant il est auprès de nous à tout instant. Il est à nos cotés jusque dans notre travail, notre vie de famille, nos relations, dans tout ce qui fait l’ordinaire de notre quotidien. Ne le cherchons pas ailleurs que dans nos vies de tous les jours. Christ ressuscité est là où nous sommes. « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » dira-t-il à ses disciples avant de les quitter physiquement.
C’est à cette nouvelle présence que les apôtres doivent s’habituer, qu’ils doivent découvrir et reconnaitre. Et nous avec eux. Et c’est cette découverte qui va totalement changer leur vie et les amener à en témoigner jusqu’au limites du monde connu à leur époque, et ce jusqu’au sacrifice suprême.
L’eucharistie, sacrement dans lequel Jésus ressuscité se rend présent et visible dans le pain et le vin, n’a de sens que pour nous aider à le reconnaitre présent également et tout autant dans l’ordinaire de nos vies et dans celle de nos frères.
Mais pour cela il nous faut aussi entendre, et prendre pour nous, la triple question qui est posée à Pierre. « M’aimes-tu vraiment ? »
C’est celle que Jésus nous pose à nous aussi, qu’il nous pose inlassablement pour nous permettre de nous retourner vers lui, pour revenir à lui, pour nous réconcilier avec lui, alors que comme Pierre , bien souvent nous le renions, nous nous éloignons, nous oublions sa présence à nos cotés.
Notre réponse ne peut être que double. Tout d’abord lui dire, à lui, avec Pierre, « tu sais bien que je t’aime ». Nous avons besoin de redire à Dieu que nous l’aimons, pour nourrir cet amour en nos cœurs. Mais aussi en aimant concrètement, en acte et pas simplement en parole, en aimant tous ceux qu’il met sur nos chemins, tous nos frères et sœurs. « Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu », alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas. » nous rappelle St Jean dans sa première lettre.
Demandons à Dieu de nous apprendre à le reconnaitre auprès de nous dans l’ordinaire de notre quotidien, de savoir lui dire notre amour, de pouvoir le lui manifester en aimant nos frères et sœur d’un amour sans limite