On a souvent représenté Jean Baptiste sous les traits austères d’un mystique vivant dans le désert de manière très ascétique et invectivant ses contemporains sans ménagement pour les pousser à ce convertir en vu de la venue imminente du Messie.
L’évangéliste Jean, dans l’évangile de ce jour me semble, lui donner un visage plus sympathique. « Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. » nous dit-il.
En annonçant cette Lumière à venir il annonce une espérance, une joie, la victoire sur l’obscurité de la souffrance, sur les ténèbres de la mort. Il cite le prophète Isaïe pour s’expliquer « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Redressez le chemin du Seigneur ». Ce même prophète que nous avons entendu dans la première lecture et qui nous annonce quelle sera la mission du Sauveur. « L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération, proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur. » C’est ce même passage des écritures que Jésus citera et commentera lors de sa première prédication à la synagogue de Nazareth. Voilà la bonne nouvelle qui nous est annoncé, il vient celui qui est porteur de la Bonne Nouvelle du salut, de la victoire de l’amour sur la haine, de la paix sur la violence, de la justice sur l’oppression, de la vie sur la mort. C’est lui que nous attendons et dont nous fêterons la venue à Noël.
Alors avec Isaïe nous pouvons dire « Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu. »
Cette joie est au cœur des lectures de ce jour puisque St Paul dans la deuxième lecture nous dit lui aussi « Frères, soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance. »
Tout en nous invitant à la joie Paul nous en donne aussi la recette. « Priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance. »
Si nous voulons que notre cœur soit réellement habité, enflammé par la joie que nous donne le Seigneur, cette joie qui jaillira dans le ciel de Bethleem avec le chant des anges, il nous faut apprendre à prier sans cesse et surtout à rendre grâce, à dire merci.
L’actualité du monde, celle de notre pays et peut être aussi la notre, n’appelle pas immédiatement à la joie, bien au contraire, elle fait naitre la peur et la désespérance. Nous qui croyons que Dieu nous rejoint dans tout ce qui fait notre vie et en particulier dans toutes les croix qu’il nous est donné de porter, les morts qu’il nous est donné d’assumer, nous devons nourrir en nous cette espérance pour, comme Jean-Baptiste, en témoigner. Pour cela il nous faut rendre grâce quotidiennement au Seigneur pour toutes les merveilles qui illuminent nos journées, et il en est des milliers. Malheureusement, bien souvent, obnubilés par ce qui est ténèbre nous ne percevons pas la lumière.
Cela demande une ascèse, un effort, relire quotidiennement sa journée pour y voir les moindres signes de la présence et de l’action de l’Esprit Saint en nous et autour de nous. C’est un exercice, au début peut-être difficile, mais qui à la longue, si nous y sommes fidèles, transforme notre regard sur la vie et sur nos frères et sœurs, un regard qui fait naitre en nous cette joie indicible, petite flamme au fond de notre cœur qui, quoi qu’il arrive, continue de briller et d’éclairer notre cœur. Elle n’est pas joie bruyante, démonstrative et éphémère, non, elle est discrète mais tenace, capable de jaillir des cendres de nos souffrances, capable d’enflammer tout notre être et de nous tenir dans la tendre chaleur de l’amour de Dieu.
Demandons à Dieu que cette joie habite chacun de nos cœurs pour que nous puissions réellement l’accueillir au soir de Noël.