Des étrangers, grecs, non convertis au judaïsme, mais venant prier Dieu au temple à l’occasion des fêtes de pâques, demandent à voir Jésus. Pour quelle raison ? Par pure curiosité ? Ont-ils l’intention de devenir ses disciples ? Jean l’évangéliste ne nous en dira pas plus. Le mystère reste entier. Peut-être la conclusion de ce passage peut nous éclairer, quand Jésus déclare « quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. » On sait maintenant que le salut n’est pas réservé à un petit nombre d’élus mais à toute l’humanité.
Le tout est de savoir si nous aussi nous voulons être ses disciples, si nous voulons marcher dans ses pas, l’écouter et le suivre.
Jésus annonce une exigence forte pour être de ses disciples. « Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle.
Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là
aussi sera mon serviteur. »
Suivre Jésus implique donc de le suivre jusque dans le don de sa vie sur la croix.
Se détacher de sa vie en ce monde pour la garder dans l’éternité semble bien difficile dans la société dans laquelle nous vivons. Une société qui nous pousse au contraire à nous protéger au maximum, à regarder notre intérêt en premier, à rester maitre de sa vie quelque soit les situations et jusqu’à vouloir décider de l’heure et du comment de sa mort. Une société où l’on préfère aider à mourir qu’à vivre, proposer la mort plutôt que d’investir massivement dans les soins palliatifs par exemple.
Le Christ nous invite au contraire à choisir la vie, une vie donnée par amour pour les autres, une vie qui ne se soucie pas tant d’elle-même que de ses frères et sœurs et en particulier des plus fragiles, les plus vulnérables, en souffrance ou en détresse. Tout au long de son ministère public Jésus n’a eu de cesse de venir au secours des malades, lépreux, paralytiques, aveugles, pauvres et opprimés en tout genre. S’il s’est donné définitivement sur la croix. S’il a été la graine jetée en terre qui donne du fruit en abondance dans sa mort et sa résurrection, il s’est aussi donné totalement au service de ses frères et sœurs en souffrance, ne comptant pas les heures, toujours disponible, toujours abordable. Sa disponibilité auprès des malades et sa mort sur la croix sont un seul et même mouvement d’amour et de don de soi.
En ce dimanche du CCFD, si nous voulons devenir de vrais disciples de Jésus, nous ne pouvons rester indifférents à la souffrance, à la misère de nos frères et sœurs à travers le monde. Et ce n’est pas parce qu’ils sont loin de nous que nous devrions nous en désintéresser, ils sont en Christ nos sœurs et nos frères. Le partage auquel nous sommes invités exige de nous d’aller au-delà du symbole, il nous demande de donner de nous même et donc de notre confort, de notre sécurité. Les temps sont difficiles pour tout le monde ou presque, nous ne sommes surement pas très fortunés, mais comparativement à beaucoup dans le monde nous restons des privilégiés. Ne l’oublions pas au moment de faire cet effort de partage et de solidarité, de fraternité, moment clef de notre carême.
Comment approcher de la passion de notre Seigneur, de célébrer le don qu’il fait pour nous de sa vie sur la croix, sans donner un peu plus qu’une petite participation qui de fait ne nous coute pas beaucoup ? « Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle.
Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. »