Homélie du Père Jean-Luc Barrié
L’Eglise nous invite à méditer un passage de l’Evangile de St Marc qui est un peu particulier, avec des paroles de Jésus qui peuvent sembler extrêmes et assez violentes.
Il nous dit dans un premier temps : « celui qui n’est pas contre nous est pour nous. » Ce qui ouvre très grand la perspective. Nous pensions peut-être que seuls les apôtres et quelques femmes étaient pour Jésus, par moment une foule, mais elle se détourne rapide de lui avant de demander sa mort. Le cercle des « pour » nous semblait plus restreins que ce que Jésus annonce ici. Aujourd’hui encore, dans l’Eglise catholique, certains se sentent menacés, attaqués de toute part, et lisent facilement un évènement, une parole, comme un acte contre l’Eglise, contre Jésus. Si nous entendons ce que le Seigneur nous dit aujourd’hui : « celui qui n’est pas contre nous est pour nous. », cela veut dire que la plupart des personnes que nous croisons ou entendons à la télé ne sont pas contre mais pour nous ! Car comme l’analysent les sociologues, en France, les gens sont plus largement indifférents à l’Eglise qu’opposants à elle. Nous pouvons souffrir de cette indifférence mais cela ne nous mets pas en situation de victimes. S’ils ne sont pas contre nous, et ils ne le sont pas, c’est qu’ils sont pour nous nous dit Jésus.
Autre passage difficile de l’Evangile de ce jour c’est l’invitation de Jésus à nous amputer d’une main, d’un pied ou d’un œil si celui-ci nous pousse au péché. Tout le monde, j’espère, comprend ces paroles comme n’étant pas à prendre à la lettre, ne vous estropiez pas en rentrant à la maison.
Peut-être que Jésus, par ses mots un peu excessifs, veut nous mettre en garde sur l’utilisation que nous faisons de nos mains, de nos pieds, de nos yeux.
En effet une main peut être instrument de violence, de coup, de vol, de maltraitance. Elle peut être fermée, un point menaçant ou un signe excluant, rejetant, refusant l’autre. Elle peut aussi être tendue, ouverte, généreuse, caressante, aide et secours. A nous de choisir !
Le pied lui aussi peut se faire violent. Il peut chasser, exclure. Il peut fuir ou se détourner. Il peut aussi nous amener vers l’autre, à sa rencontre, à son aide.
Il peut courir au secours ou marcher au rythme de l’autre pour l’accompagner. Il peut jouer et danser pour partager sa joie. A nous de choisir !
L’œil peut être juge et même malveillant. Il peut épier, être soupçonneux, dur et accusateur. Mais il peut aussi voir le beau et le grand, le vrai en chacun. Il peut chercher tout ce qui nous uni et non ce qui nous sépare. A nous de choisir !
Et peut être que pour voir en un frère, une sœur qui nous semble éloignée de l’Eglise et du Christ, personnes qui ne sont pas contre nous mais pour nous, nous faut-il avoir le regard assez affuté pour relever tous ce que nous pouvons découvrir en eux qui est en accord, en harmonie avec le message de l’Evangile, tout ce qu’il y a de beau, de vrai, tout ce que nous avons en commun. Et nous verrons qu’il y en a bien plus qu’on ne le pensait à priori.
Et c’est surement à partir de ce qui nous est commun que nous pourrons proposer la rencontre du Seigneur bien plus qu’en dénonçant ce qui ne nous sépare.
En ce dimanche, qui est journée mondiale du Migrant et du réfugié, voulue e soutenue par notre pape, que Dieu guide nos mains, nos pieds et nos yeux afin qu’ils soient en accord avec sa miséricorde, sa tendresse et son amour et qu’ils deviennent instruments de la mission qu’il nous confié.