Alors que Jésus les prépare à ce qui va arriver en leur annonçant qu’il va être arrêté, qu’il sera mis à mort avant de ressusciter, les apôtres qui n’ont rien compris, se demandent entre eux qui est le plus grand. Jésus le comprenant leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »
Jésus nous invite-t-il à un mépris de nous-mêmes en nous demandant de nous voir comme le dernier ? Nous pousse-t-il à nous humilier, à nous rabaisser par rapport aux autres ? Bien évidement que non, mais il est probable qu’il nous invite à une vraie humilité.
Je crois qu’il nous invite à faire notre sa propre humilité.
Car si quelqu’un s’est fait le dernier de tous c’est bien Jésus. Lui qui est Dieu s’est fait l’un de nous, il s’est fait homme, naissant comme nous d’une femme mais dans une étable ! Il a vécu trente ans, dans l’indifférence, dans le silence et inconnue de tous, au cœur d’un village dont Nathanaël dira « Que peut-il sortir de bon de Nazareth ? ». Durant ses trois années de vie publique, il se fait prédicateur itinérant, sans une pierre ou reposer sa tête, dit-il lui-même. Il se mettra a genoux devant ses apôtres pour leur laver les pieds. Enfin, il accepte d’être arrêté, torturé et crucifié comme un esclave, comme un moins que rien.
Telle est l’humilité à laquelle Jésus nous appelle.
Une vertu dont St Bernard nous dit qu’elle « est le fondement et la gardienne de toutes les vertus. »
Elle n’est pas passivité ou humiliation mais bien la volonté d’être en harmonie avec Dieu, à l’image de Dieu, à la disposition et service de Dieu, avec la conscience que ce n’est qu’avec son aide, sa force, son soutien que nous pourrons nous donner nous aussi, comme lui et à sa suite par amour.
Cette humilité est aussi peut-être ce qui manque le plus à notre monde.
Réécoutons St Jacques dans la deuxième lecture : « D’où viennent les guerres, d’où viennent les conflits entre vous ? N’est-ce pas justement de tous ces désirs qui mènent leur combat en vous-mêmes ?
Vous êtes pleins de convoitises et vous n’obtenez rien, alors vous tuez ; vous êtes jaloux et vous n’arrivez pas à vos fins, alors vous entrez en conflit et vous faites la guerre. »
N’est-ce pas ce que nous voyons aujourd’hui à travers le monde ? N’est-ce pas ce que nous constatons aussi parfois, dans une moindre mesure, dans nos villages, dans nos familles et jusque dans nos communautés chrétiennes ? D’où viennent la convoitise et la jalousie qui causent tant de mal d’après St Jacques si ce n’est d’un manque d’humilité ?
Si, comme nous le demande Jésus nous acceptons d’être le dernier au service de tous ou comme nous le dit St Paul dans sa lettre aux Philipiens « nous estimons les autres supérieurs à nous-mêmes », alors il n’y a plus de place en notre cœur pour la convoitise et la jalousie. Et nous pourrons nous réjouir avec Dieu de tous ce qui arrive de beau et grand par nos frères et sœurs en eux et pour eux. Il n’y aura alors plus aucune raison d’entrer en conflit les uns avec les autres.
Mais comment apprendre l’humilité ? François Varillon nous le dit :
« Dieu seul, en nous faisant voir que nous ne pouvons pas être humbles, nous rend humbles…Sa présence active nous décolle de nous-mêmes et, à proportion de notre abandon à lui, nous purifie de toute propriété. »
Que le Seigneur nous donne la grâce d’une humilité à l’image de la sienne.