Homélie du Père Barrié
En cet avant-dernier dimanche de l’année liturgique, l’Eglise nous donne d’entendre un passage de l’Evangile de Marc au ton apocalyptique. « Le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées. » Jésus annonce la fin des temps et son retour dans la gloire « Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire. »
Depuis toujours les hommes ont cru reconnaitre dans leur actualité ces signes donnés par Jésus, une annonce de la fin du monde, de l’apocalypse. Et cela continue aujourd’hui sur différents thèmes comme celui par exemple de la crise écologique.
Mais il ne faut pas oublier ce que nous dit Jésus « Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père. » Si ni les anges, ni lui-même ne savent la date il nous est bien inutile d’essayer de la deviner !
Soyons aussi attentif à la parabole du figuier, elle n’annonce pas une catastrophe mais un mieux, un temps de bonheur, celui de l’été, celui où la sève redonne vie, et ou les fruits vont bientôt nourrir et réjouir ceux qui les cueillerons.
Pour beaucoup de nos contemporains aujourd’hui « le soleil d’obscurci et la lune ne donne plus sa clarté ». Je pense aux habitants de Gaza qui voient leurs enfants mourir sous les bombes, de manque de soins et de nourriture. Les Israéliens dont les proches sont gardés en otages. Je pense aux ukrainiens et à tant d’autres peuples qui vivent sous la violence de la guerre ou des mafias et des gangs. Mais je pense aussi, chez nous, à tous ceux pour qui ces temps sont difficiles parce qu’ils n’ont pas de papiers, parce qu’ils ne peuvent se loger correctement, parce que leurs revenus ne leur permettent pas de vivre dignement, parce qu’ils sont confrontés à la maladie, à l’handicap, à une séparation, à un deuil… Oui, pour beaucoup parmi nous le soleil d’obscurci et la lune ne donne plus sa clarté.
Alors en ce dimanche, journée mondiale des pauvres et de collecte du Secours Catholique nous ne pouvons fermer notre cœur et nos mains. Il ne nous suffit pas de donner quelques pièces perdues au fond de notre portemonnaie. Comme la veuve du l’évangile de dimanche dernier, il nous faut donner un peu plus que notre superflus.
Mais ne nous faut-il pas aussi être attentif pour voir autour de nous ses frères et sœurs pour qui ces temps sont plus difficiles. Les voir et leur apporter la lumière et la chaleur de notre amitié, de notre fraternité, de notre présence aimante et secourable, pour que le soleil brille à nouveau pour eux et que la sève de la vie puisse irriguer leur existence. Nous ne pouvons nous dédouaner de nos responsabilité sur les bénévoles du Secours Catholique. Nous sommes tous concernés. A chacun de nous d’être le soleil de nos frères pour que notre rayonnement, ou plus exactement le rayonnement de l’amour de Dieu à travers nous, puisse leur redonner espérance et force pour affronter l’hiver de leur quotidien.
N’attendons la fin du monde, ne cherchons pas les signes de l’apocalypse, soyons attentifs à la souffrance, aux difficultés de notre frères et sœurs pour leur apporter au moins un sourire, une présence, une main tendue et nous verrons la gloire de Dieu se dessiner sur leurs visages.