Homélie du Père Jean-Luc Barrié

Pourquoi l’évangéliste Luc nous donne-t-il autant de précisions sur les personnes qui sont au pouvoir politique et religieux dans le pays au moment où Jean-Baptiste commence sa mission ?

Peut-être pour nous dire que les évènements qui vont suivre, le baptême de Jésus, sa prédication, son arrestation, sa mort et sa résurrection, et ceux qui ont précédés, sa naissance à Bethleem, tout cela n’est pas un mythe, une idée, un concept, mais bien des évènements historiques, situés clairement dans le temps et dans l’espace, à une époque précise et dans un lieu donné. Dieu vient nous rejoindre concrètement, physiquement dans notre histoire, sur notre terre. Et encore aujourd’hui il vient à nous dans le concret, le réel de notre vie, notre village, notre famille, nos relations, notre travail, nos occupations et préoccupations quotidiennes. C’est ce à quoi nous nous préparons durant le temps de l’Avent. Préparer nos cœurs à l’accueillir comme nous y invite St Jean-Baptiste citant le prophète Isaïe : « Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les chemins rocailleux seront aplanis ; et tout être vivant verra le salut de Dieu. »

Je ne sais pas comment ces mots parlent aux habitants de la Beauce mais pour notre région ils constituent un programme ambitieux !

St Paul, dans la deuxième lecture nous donne peut-être une clef de compréhension quand il dit « dans ma prière, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la pleine connaissance et en toute clairvoyance pour discerner ce qui est important. »

Discerner ce qui est important, cela peut consister à chercher dans ce qui fait notre quotidien les montagnes à aplanir et les ravins à combler. Il y a dans nos préoccupations, notre emplois du temps, nos dépenses, des éléments qui ne sont peut-être pas si importants que ça. En cette période d’avant Noël tout ce qui relève du matériel, du superflu, de la surconsommation, menu du réveillon, sapin à décorer, cadeaux à acheter, gourmandises diverses, achats compulsifs…. Voilà une montagne que nous pouvons peut-être diminuer, raboter, abaisser.

Par contre le ravin de nos manques d’attention, de disponibilité, de tendresse, de dialogue avec nos proches ; ou encore notre manque de souci des personnes seules ou en souffrance autour de nous et aussi dans le monde, tous ceux qui ont moins que nous ou qui n’ont pas la chance de vivre en paix et en sécurité ou qui connaissent la faim et le manque de soin… Voilà bien un ravin à combler.

Un ravin à combler au plus vite est peut-être aussi le peu de temps que nous consacrons au Seigneur pour un vrai dialogue amoureux dans la prière, l’écoute, la méditation de sa parole et la participation active à ses sacrements.