Homélie du Père Jean-Luc Barrié :
“Alors que ces jours marquent pour beaucoup d’entre nous une période de rassemblements familiaux, de repas et fêtes en familles, l’Eglise nous donne de contempler la Sainte Famille, la Famille de Jésus. Et nous la voyons dans une situation difficile, douloureuse.
Jésus n’a pas suivit ses parents et le groupe d’amis venu à Jérusalem pour le grand pèlerinage annuel. Sans rien dire à personne, sans avertir les siens, il reste au temple à parler avec les spécialistes de la bible.
On peut imaginer la souffrance, la peur de ses parents qui pendant trois jours l’ont cherché dans la foule des pèlerins. S’en suit un dialogue de sourd. La réponse, les raisons que Jésus donne de sa désobéissance ne sont pas comprises par ses parents. « Ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. » nous dit St Luc.
Dans cet événement nous pouvons reconnaître assez facilement des situations vécues dans nos propres familles. Un enfant qui échappe à la vigilance de ses parents, des parents inquiets qui cherchent ou attendent leur enfant, un dialogue difficile entre génération, une incompréhension entre parents et enfants…
Dieu s’est fait homme, il s’est fait l’un de nous. Jésus a grandit dans une famille, et c’est dans cette famille qu’il a appris à devenir un homme, qu’il a appris à marcher, à manger, à parler. C’est en famille qu’il a appris les valeurs fondamentales de la vie en société, mais aussi l’existence de Dieu, qu’il a découvert comment lui parler, écouter et méditer sa parole, et vivre au quotidien en accord avec la loi donnée par Dieu.
Si Marie et Joseph ne comprennent pas la réponse de Jésus au temple c’est sûrement parce que depuis douze ans qu’ils l’élèvent et l’éduquent ils n’ont pas vue de grande différence avec les autres enfants du village. Jésus a eu une enfance et une jeunesse des plus ordinaire dans le sens qu’il n’a rien fait d’extraordinaire pendant même 30 ans.
S’il en a été ainsi c’est peut être pour nous dire que le quotidien de nos vies de famille, s’il nous semble bien commun, bien banal, a une importance primordiale aux yeux de Dieu.
La famille est la première cellule d’Eglise. C’est le lieu où l’on fait l’apprentissage de la vie, de l’amour et de la tendresse, mais aussi de sa relation à Dieu. C’est avec ses parents ou grand parents que l’on apprend les mots de la prière : « Pardon, s’il te plait, merci, je t’aime. » Sur la paroisse ce sont les mamans qui, à tour de rôle, assurent le caté, et en huit ans j’ai pu mesurer la richesse de cette méthode pour les parents comme pour les enfants. Tous ceux qui parmi nous ont eu la chance de naître dans une maison où l’on priait en famille savent bien comment cela nous a marqué, comment cela nous a aidé à engager nos vies dans une relation, un dialogue régulier avec le Seigneur. A l’occasion de ces fêtes de Noël et de fin d’année pourquoi ne pas profiter de la présence de la crèche dans nos maisons pour retrouver le chemin de la prière du soir faite en famille avant d’aller se coucher ?
Et si comme les parents de Jésus, nous sommes parfois confrontés à l’incompréhension ou au doute, faisons comme Marie : gardons tous cela dans notre cœur. Gardons confiance au Seigneur, laissons le travailler, labourer nos vies. Il vient en nous pour y faire naître son amour, et si parfois le chemin nous parait difficile, douloureux, gardons confiance, il ne nous abandonne pas. Si pour Marie et Joseph il était impossible d’imaginer ce que ferait Jésus devenu adulte, pour nous aussi, ce que fera Dieu de nos vies et de celles de ceux que nous aimons reste un mystère. Mais comme Marie restons confiants.”