Ce temps de changement de société…

L’Evangéliste Matthieu nous dit que Jésus est pris de compassion pour la foule qui était, nous dit-il, «  désemparées et abattues comme des brebis sans bergers ». Des brebis sans bergers sont perdues, elles ne savent plus où aller, elles sont en danger. Voyant cela Jésus appelle douze de ses disciples à qui il confie sa propre mission, il leur demande de faire eux aussi ce que lui-même fait déjà : proclamer le royaume de Dieu, guérir les malades, ressusciter les morts, purifier les lépreux, expulser les démons. Il fait d’eux les courroies de transmissions de son œuvre, de sa propre mission. Il les prend comme collaborateurs leur confiant  le cœur de sa mission. Aujourd’hui alors que notre monde est entré dans une époque de grand bouleversement, où les valeurs qui le guidaient semblent tomber les unes après les autres, où les institutions qui le structuraient sont toutes remises en causes, où la violence semble prendre le pas sur le dialogue et le compromis, où toutes les idées et positions semblent devoir se radicaliser, notre monde ressemble bien à  des brebis sans bergers, perdues, sans perspectives, angoissées, désemparées et abattues. Le Christ appelle toujours ses disciples à partager sa mission, à être acteurs de son œuvre, de son projet pour l’humanité.Par notre baptême nous sommes tous appelés à proclamer le royaume de Dieu, guérir les malades, ressusciter les morts, purifier les lépreux, expulser les démons. Proclamer le Royaume de Dieu c’est témoigner autour de nous de ce que le Christ nous donne de vivre, de notre joie d’être son disciple, de l’espérance qu’il fait naitre en nous, de la force d’amour et de vie qu’il nous donne au quotidien.
Guérir les malades, ce n’est pas nous lancer en médecine, mais bien être attentif aux souffrances de nos contemporains, de ceux qui nous entourent et que nous rencontrons pour leur apporter un peu de tendresse, de réconfort, de soutien, d’espérance.
Ressusciter les morts nous semble bien difficile, c’est sûr, mais nous pouvons tenter de rendre un peu d’espérance à ceux qui pensent que tout est perdu, d’ouvrir pour eux un avenir possible, leur permettre de construire un projet. Leur ouvrir les yeux sur toutes les beautés de notre monde, mais aussi  tout ce que Dieu donne à chacun de faire naitre en sa vie, de tout ce que les hommes et femmes de ce temps sont capable de vivre de beau, de grand, de vrai.
Purifier les lépreux pourrait consister à faire grandir autour de nous la justice et la paix. De combattre le mensonge, le faux semblant, les discours apocalyptiques et désespérants qui minent l’espérance. Au contraire favorisons plus de fraternité, de respect, d’ouverture au sein de notre Eglise, au cœur de nos familles et de  nos villages.
Enfin expulsons de nos cœurs les démons de l’égoïsme, du repli sur soi, de  l’individualisme, de la peur de l’autre, de la violence et du rejet. Ce temps de changement de société et donc de grande instabilité nous pousse à nous laisser tenter par  de tels démons.  Expulsons-les de nos cœurs, de nos relations, de nos esprits, de nos communautés, ils sont le grand danger, ils sont contraire au projet de Dieu.
Aujourd’hui Jésus nous appelle à être ses disciples, ses apôtres dans un monde qui est comme un troupeau de brebis sans bergers. Il compte sur nous pour poursuivre son œuvre, il ne nous abandonne pas, il nous précède dans le cœur de nos contemporains, et il nous donne la force, les mots, les attitudes qui saurons les rassurer, les fortifier leur rendre foie et espérance.