« Heureux ceux qui croient sans avoir vu » Cette phase de Jésus à Thomas nous touche de prêt puisque il nous faut croire sans voir et sans toucher ! Notre foi en Jésus ressuscité repose uniquement sur notre confiance en la parole des apôtres qui disent avoir fait l’expérience auprès d’eux de Jésus vivant d’une nouvelle vie après sa mort. Nous n’avons pas d’autre preuve !
Il est vrai que l’on peut être conforté dans cette confiance par le changement vécu par les amis de Jésus entre leur fuite, leur peur au moment de sa mise à mort ainsi que les jours suivant, et le courage, l’audace qui est la leur après la pentecôte où ils osent proclamer la résurrection de Jésus ouvertement, publiquement, sans hésiter, et ce jusqu’à donner leur vie.
L’expérience qu’ils ont faite a été suffisamment forte pour les retourner complètement, et leur permettre de passer de la peur au courage, du désespoir à une espérance au-delà du raisonnable, de l’enfermement à l’ouverture jusqu’à partir à l’autre bout du monde connu. Ils sortent de leur silence, leur langue se délie et ils trouvent les mots qui vont convertir une multitude de personnes nous disent les Actes des Apôtres. « C’est avec une grande puissance que les Apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et une grâce abondante reposait sur eux tous. »
Il nous faut croire sans voir et sans toucher. Nous pouvons parfois faire l’expérience de la présence de Jésus ressuscité à nos cotés, dans la paix et la sérénité qui nous envahie pendant la prière, où une chaleur, une lumière intérieure à l’occasion d’un sacrement, d’un partage d’évangile ou d’une rencontre. Mais tout cela est fugace, ne se vit pas dans la durée. Les grands maîtres spirituels, St Jean de la Croix ou St Bernard par exemple, nous mettent en garde contre le désir de vivre de telles manifestations, elles peuvent être trompeuses et n’être que le fruit de notre autosuggestion. Tous nous invitent, au contraire, à accepter l’aridité, la difficulté d’une foi qui est confiance pure, souvent une marche dans la nuit ou le désert.
Nous sommes appelés à aimer Dieu pour lui-même, à croire en lui et à le suivre par pur amour.
Mais notre foi doit aussi être appelante comme celle des apôtres. Notre monde a besoin du témoignage de notre communauté. Les Actes des apôtres nous décrivent une première Eglise où l’on met tous les biens en communs pour que personne ne manque de rien et où l’on n’avait qu’un seul cœur et une seule âme.
Je crois que nos contemporains sont en recherche de sens pour leur vie, recherche spirituelle qui les amène parfois à s’intéresser à des spiritualités venant d’ailleurs, des pratiques religieuses qui leur semblent plus intéressantes… La notre semblant aux yeux de beaucoup se restreindre à des dogmes auxquels il faut adhérer, à des interdits et une morale ne permettant pas l’épanouissement personnel. Il est de notre responsabilité de leur proposer la spiritualité qui nous anime, la foi qui nous habite et nous fait vivre. Le pape François aime à répéter que l’Eglise ne fait pas de prosélytisme mais qu’elle évangile par attraction. Il est de notre responsabilité de rendre notre communauté chrétienne attractive et ce par l’amour qui en émane, par notre souci que personne ne manque de rien, par l’attention portée à tous et à chacun, mais aussi par des célébrations qui donne à voir une unité de cœur et d’âme, l’amour qui nous uni, la foi heureuse, joyeuse, profonde que nous pouvons exprimer.
Que le Christ ressuscité habite nos cœurs et nos communautés, et que notre manière d’être et de prier en manifeste la présence aux yeux de tous.