L’Eglise du Christ, disciple du Serviteur souffrant

L’évangile de ce jour commence par ces mots : « Certains disciples de Jésus parlaient du Temple, admirant la beauté des pierres et les dons des fidèles. » il faut dire que le temple restauré par Hérode  était magnifique, grandiose, d’une richesse inouïe d’après Tacite un historien romain.

Cette magnificence du temple veut parler au monde de la grandeur et de la gloire du peuple d’Israël.  Rêve de puissance et de gloire.
Il en est un peu de même pour notre Eglise,  le nouveau temple de Dieu. On a pu la regarder et parler d’elle comme d’une institution parfaite, belle, magnifique, que l’on invitait à admirer et que l’on a voulu protéger coute que coute, parfois même au mépris de la vérité, de la justice et de la protection des plus petits et des plus fragiles, les derniers scandales nous le rappellent malheureusement.
Mais Jésus s’adressant à ce qui sera l’Eglise, les apôtres, ne promet pas la gloire et la puissance, bien au contraire, il leur promet des persécutions.  L’Eglise dans son histoire a été persécutée, aujourd’hui elle souffre de ses propres péchés, c’est elle qui a fait souffrir, et nous avons mal à notre Eglise.
Jésus n’a pas promis à ses amis la gloire et la puissance sur cette terre ! Bien au contraire il leur donne à comprendre qu’ils sont les disciples du Serviteur souffrant, d’un Dieu crucifié, d’un maitre qui a donné sa vie. Nous sommes disciple d’un Christ qui donne sa vie pour ses amis et ne cherche jamais sa propre gloire ou la moindre puissance.  C’est de lui que l’Eglise doit être disciple, qu’elle doit prendre pour modèle.
Mais il ne nous laisse pas seul face aux difficultés et aux épreuves. Il nous promet son Esprit Saint. Face à l’adversité Jésus, par son Esprit, nous donne la force, les moyens dont nous avons besoin pour rester ses disciples, donner notre vie, le suivre jusque dans sa résurrection.
Dans les difficultés et les épreuves Jésus nous invite à persévérer. « C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie. »  Persévérer, tenir malgré tout, rester fidèle, même si, devant l’inacceptable commis au sein de l’Eglise, nous perdons confiance, même si nous sommes révoltés, écœurés.
Voilà ce que le Seigneur attend de nous. Non pas des exploits, ou une attitude héroïque, mais simplement de la persévérance dans notre attachement à lui, dans la prière et la fréquentation de sa parole et  des sacrements, ainsi que  dans le service de nos frères.
En ces temps où de nouveaux scandales viennent encore entacher notre Eglise, où même des évêques sont mis en causes, il semble important que l’Eglise se pose de vrais questions, qu’elle revoit fondamentalement sa façon de fonctionner, qu’elle se réforme profondément pour devenir plus évangélique, plus humble, miséricordieuse, accueillante et bienveillante. Il n’est plus le temps pour elle des paroles moralisantes et laissant entendre quelle détiendrait seule la vérité, ou de recherche de gloire et de puissance.
Nous pouvons chacun prendre notre part,  à notre niveau, de cette conversion et purification, en changeant nos propres manières d’êtres, en étant nous aussi plus humble, plus fraternels, plus miséricordieux, plus bienveillant envers nos frères et sœurs et en particulier avec  ceux qui ne pensent pas, ne vivent pas, de prient pas comme nous. C’est à ce prix que notre Eglise restera catholique c’est-à-dire ouverte à tous et qu’elle sera l’Eglise du Christ.