Poser un regard sur sa vie

Homélie du Père Jean-Luc Barrié :
Dans ce récit d’une rencontre entre une femme, ses accusateurs et Jésus, il me semble qu’il y a une histoire de regards.
Tout d’abord le regard des scribes et pharisiens sur cette femme dont l’évangéliste Luc ne nous donne pas le nom. Ils ne voient en elle que la faute qu’elle a commise, ils la réduisent à son acte, à sa situation d’adultère. Jésus, lui, ne semble pas la regarder, ni regarder ces hommes qui l’interpellent pour le mettre à l’épreuve. Il est baissé, le visage tourné vers le sol où il écrit du doigt dans le sable. Il se redresse nous dit Luc pour s’adresser aux accusateurs, il les regarde pour leur demander de poser sur eux même un regard de vérité « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » et de nouveau il se tourne vers le sol. Son regard aurait pu être accusateur ou scrutateur, il préfère le détourner, et jouer avec le sable face à ceux qui veulent jeter des pierres. Le regard intérieur que chacun de ces hommes porte sur lui-même, les amène à reconnaitre qu’ils sont pécheurs, qu’ils ne peuvent s’afficher les uns devant les autres comme s’ils ne l’étaient pas.
Quand enfin il est seul avec la femme, Jésus relève la tête et pose sur elle un regard d’amour et de miséricorde, un regard qui rend à la vie, qui ouvre un avenir. « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »
Dans cet épisode Jésus nous révèle le regard d’amour de Dieu pour chacun de nous. Il nous redit son désir de nous pardonner, son attente de notre retour vers lui. Dieu ne nous réduit pas aux actes que nous avons pu posés, aux péchés que nous avons pu commettre mais il voit en nous le fond de notre cœur, notre potentiel d’amour et de vie. Il voit en nous tout ce qui est à sa ressemblance et c’est cela qu’il veut garder, auquel il veut être attentif, qu’il veut voir grandir.
En ce cinquième dimanche de carême, le dernier avant d’entrer dans la semaine sainte, je crois que le Seigneur nous demande de faire sien son regard.

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Rentrer en nous-même

Homélie du Père Jean-Luc Barrié :

Jésus nous offre une très belle et très riche parabole. Essayons de l’accueillir comme si nous l’entendions pour la première fois pour qu’elle nous livre toute sa nouveauté.
On y voit un fils cadet qui réclame sa part d’héritage avant la mort de son père et qui s’éloigne de lui, dépensant toute sa richesse « dans une vie de désordre » Puis l’on découvre un père très aimant qui accueille ce fils prodigue sans jugement, sans reproche, le couvrant de baisés et organisant une fête énorme pour son retours.

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Il ne se décourage pas et continue à travailler, à cultiver les cœurs

Homélie du Père Jean-Luc Barrié :
Pilate a fait massacrer des galiléens, une tour s’effondre et fait dix huit victimes. Ces évènements auxquels l’évangile de ce jour fait allusion nous en rappellent bien d’autres d’aujourd’hui, populations massacrées, morts par milliers dans les différents conflits armés qui ensanglantent notre planète, des chefs d’états qui semblent, à l’image de Pilate, abuser de leur pouvoir et entrainer le monde dans des conflits meurtriers, sans parler des accidents et phénomènes climatiques qui endeuillent tant de familles.
La génération d’après guerre, qui a construit l’Europe, pensait avoir mis notre pays et notre continent à l’abri de ce danger. « Plus jamais la guerre » proclamait le pape Paul VI à l’ONU ! Cette même génération pensait aussi l’avenir comme promettant aux générations futures une vie toujours meilleure. Et voilà que les crises politiques, migratoires, économiques, écologiques, viennent mettre à mal ce grand espoir.
Beaucoup chez nous ne croient plus à cet avenir meilleur, ils désespèrent de l’homme, ne croient plus en sa capacité de construire un monde de paix et de fraternité.
Jésus dans l’évangile de ce jour nous invite à ne pas chercher de réponse trop facile « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! » Par contre il nous invite à la conversion, c’est-à-dire à changer notre manière de penser et d’agir. Il nous invite à l’espérance et à la foi en lui et en l’homme. Car Dieu le Père croit en nous et il a confiance en nous. Dieu croit en l’humanité et lui fait confiance bien plus que les hommes croient en lui et lui font confiance. La preuve, il nous a confié la terre, cette maison commune, sa création, ainsi que l’annonce de notre salut en Jésus Christ, annonce du royaume de paix, de justice et d’amour qu’il veut pour nous.
Face à l’angoisse, à la peur, au désespoir, Jésus nous invite à la confiance, à la foi et à l’espérance.
Il nous le dit fortement avec la parabole du figuier et surtout par l’attitude du vigneron qui donne une chance à l’arbre qui n’a pas encore donné de fruit. Il va bécher autour et y mettre du fumier dans l’espoir qu’il donne enfin les figues savoureuses tant espérées. Ce vigneron c’est Dieu lui-même qui ne se décourage pas devant les erreurs des hommes, devant leur refus d’aimer, leur déni de justice, leur violence, leur égoïsme et soif de pouvoir. Il ne se décourage pas et continue à travailler, à cultiver les cœurs pour que naisse en notre humanité un désir d’amour et de paix plus fort que tout, plus puissant que toutes les forces du mal. Dieu y croit, de tout son être, il ne désespère jamais de nous.
Alors faisons nôtre sa foi et son espérance ! Laissons le bécher notre cœur et le nourrir de sa parole et de son Esprit, apprenons de lui à aimer et à faire grandir autour de nous son royaume. Cette foi, cette espérance nous avons le devoir de les nourrir, de les entretenir, de les faire grandir pour les générations à venir, pour les enfants et les jeunes. Ce serait une très grande faute de notre part que de ne pas leur transmettre cette foi et cette espérance. Car elles sont vitales, et ils en ont un besoin criant aujourd’hui.
Que durant ce carême Dieu nous donne la grâce de grandir nous même en foi et en espérance en lui et en nos frères les hommes et que nous sachions les transmettre aux nouvelles générations.

Silence, prière, écoute

Homélie du Père Jean-Luc Barrié :
Luc nous dit que « Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. » Il nous décrit souvent Jésus s’isolant au désert ou sur la montagne pour une nuit de prière, pour un temps d’intimité avec son Père. Mais là il prend avec lui les trois apôtres les plus proches, ceux de la première heure, et sur la montagne il se met, avec eux, en prière. « Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante. »
Juste avant cet épisode Jésus a demandé à ses apôtres « pour vous qui suis-je ? » et là il répond à la question en leur donnant la grâce de voir qui il est, de voir à travers l’homme qu’ils connaissent, Dieu lui-même, se donnant à contempler dans sa gloire, dans la gloire de sa divinité. Le dialogue avec Moïse et Elie, leur dit clairement qu’il est celui qui vient accomplir la promesse, qui vient porter à son achèvement l’Alliance que Dieu a scellé avec le peuple d’Israël. Il est bien le Messie, le Christ, Dieu fait homme venu pour le salut de l’humanité.
Les apôtres sont cloués au sol, stupéfaits, pétrifiés par ce qu’ils voient, et restent en silence. Ce silence de la prière de Jésus à la quelle ils participent. Un silence que Pierre veut rompre mais c’est une erreur, Luc nous dit « Il ne savait pas ce qu’il disait ».
La voix vient clôturer cette révélation « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! »
Et les apôtres s’exécutent, pour écouter ils se taisent, ils redescendent en silence.
Cet Evangile me semble nous donner trois mots essentiels pour notre carême : silence, prière, écoute.
Le silence est un bien précieux et indispensable si nous voulons approfondir notre intimité avec le Seigneur. La télé allumée, la radio et autres occupent notre espace. Si nous voulons rencontrer le Seigneur dans la prière il nous faut trouver, créer, des temps de silence.
Ceux parmi vous qui ont participés aux messes des familles ont du remarquer combien les enfants sont capables et même gourmands de ce silence occupé à rencontrer et à dialoguer avec Dieu. Ce n’est pas pour rien que l’église a évoqué les 40 jours de Jésus au désert pour ouvrir ce temps de carême, le désert est par excellence le lieu du silence. Alors pas de carême sans silence.
La prière, nous avons tous fait l’expérience qu’elle n’est pas toujours facile. Dans l’évangile de ce jour nous voyons Jésus prendre Pierre, Jacques et Jean prier avec lui. Peut-être nous faut-il demander à Jésus de prier avec nous, de prier en nous. St Paul a écrit « l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. » Si Jésus nous a donné sa prière, le Notre Père, c’est bien pour que nous appuyions sur lui, sur la force de son Esprit, pour nous adresser à Dieu.
Enfin l’écoute. « Écoutez-le » voilà un appel pour notre carême. Mettons nous à l’écoute de Jésus en lisant, méditant, priant son évangile. Pour cela prenons un temps de silence quotidien et laissons nous porter par l’Esprit Saint. Pour nous aider il y a des revues « Prions en Eglise » ou « Magnificat » ainsi que plusieurs applications pour l’ordinateur ou le téléphone portable. N’hésitons pas à les utiliser.
Silence, prière, Ecoute, voilà de quoi guider notre carême et nous permettre d’approfondir notre intimité avec le Seigneur. Que Dieu nous en donne la grâce.

Saint Chély : Salgues, Condom d’Aubrac, Bonnefon. , Saint Côme d’Olt : Castelnau de Mandailles, Lassouts. Espalion : Saint Pierre de Bessuejouls, le Monastère,Coubisou, Vinnac, Le Cayrol, Anglars . Estaing : Sébrazac, Trèdou, Saint Geniez des Ers, Le Nayrac