Qu’est ce qu’ont vu Pierre, Jacques et Jean sur cette montagne où Jésus les a conduit ?
Ils ont vu Jésus transfiguré, resplendissant dans sa gloire divine, Jésus rayonnant de sa divinité. Ils ont vu Moïse et Elie, deux grandes figures de l’histoire d’Israël, mais des hommes morts il y a des siècles discutant avec Jésus comme eux le font habituellement. Enfin ils ont vu la nuée, Dieu le Père tel qu’il s’est donné à connaitre par le peuple dans le désert après la sortie d’Egypte. Ce qu’ils ont vu cela ressemble beaucoup au paradis, Dieu dans sa gloire qui s’entretien avec ceux qui nous quittés et qui partagent sa vie divine. Ce que Pierre, Jacques et Jean voient c’est un peu de l’éternité, un éclat du monde nouveau, le royaume de Dieu accompli annoncé par Jésus.
Mais ils ne peuvent le comprendre. C’est beaucoup trop pour leurs yeux de terriens. Ils sont perdu, pris de peur devant un tel spectacle. Ils ne comprendront tout cela que bien plus tard, après la résurrection de Jésus, avec l’aide de l’Esprit Saint. Sur cette montagne Jésus les prépare à vivre les évènements qui auront lieu sur une colline, toute petite montagne du Golgotha. Il leur annonce sa mort et sa résurrection, même s’il sait qu’ils ne peuvent en saisir la grandeur et la portée.
Le temps de carême est pour nous le temps de nous préparer à la mort et à la résurrection de Jésus. Alors il nous faut nous aussi monter sur la montagne pour voir cette annonce, pour voir la gloire du ciel. Il n’est pas sur que si nous montons sur l’Aubrac, notre montagne à nous, nous ayons l’apparition du Christ Transfiguré ! Mais si nous nous arrêtons, si nous faisons l’effort d’une attention toute particulière, je suis certain que nous pouvons trouver dans notre vie de tous les jours des éclats, des étincelles de cette gloire céleste, de cette vie divine. « Le royaume de Dieu est déjà parmi vous» nous a dit Jésus.
La gloire céleste est déjà présente en nos vies. Non pas dans son achèvement, dans son absolue, dans sa totalité, mais dans des étincelles, des éclats qui illuminent notre existence.
C’est cette chaleur si douce qui nous envahie dans la prière ou au cours d’un sacrement, c’est cette Parole de Jésus méditée qui vient nous questionner ou éclairer nos doutes. Ce sont ces mots qui s’imposent à nous et nous aident à avancer sur le chemin de la foi et de la charité. Ce sont ces sourires qui réjouissent le cœur, ces mots bienveillants, mots d’amour qui nous réconfortent, nous réchauffent. Ce sont ces regards, ces petites attentions, ces caresses, ces gestes de soutient, de solidarité, de fraternité qui nous rendent l’espérance. Ce sont ces femmes et hommes dont le courage dans les luttes pour la vérité, la liberté, la justice et la paix font grandir le royaume de Dieu déjà présent.
Le temps du carême n’est pas un temps de tristesse où les privations et les efforts nous rendraient moroses et nous donneraient triste mine. Non, le carême est un temps de joie où nous délaissons les petits plaisirs égoïstes, pour nous focaliser sur la présence en nos vies de l’action de Dieu, les signes de sa gloire divine, de sa joie absolue et éternelle qui sont semés tout au long de nos journées. Le Carême est un temps de gourmandise, gourmandise de la présence de Dieu, de toutes les étincelles d’éternité qu’il allume en nos vies et dans celles de nos frères et sœurs.
Prenons le temps de savourer sa présence et son action et nous pourrons éclater de joie au matin de pâque avec Pierre, Jacques, Jean et tous les apôtres et amis de Jésus.