Se laisser conduire par l’exemple de Jésus

Homélie du Père Jean-Luc Barrié :
En ces dimanches de période pascale nous lisons chaque semaine le livre des Actes des Apôtres qui nous raconte la vie des premières communautés chrétiennes. Et dans une lecture continue, que je vous conseille fortement, nous voyons comment dès les débuts de notre Eglise sa vie a été parsemée de conflits, de discutions, d’affrontements. En particulier entre ceux qui, avec St Paul, voulaient s’ouvrir aux païens et ne pas leur imposer des conditions d’entrée dans l’Eglise trop exigeantes, et St Jacques et les chrétiens de Jérusalem, entre autre, qui tenaient ferme l’attachement à la tradition et à la loi juive dont ils étaient issus et à laquelle ils tenaient.

Tout cela n’est pas sans faire écho, me semble-t-il, à ce que nous avons entendu dans les médias et réseaux sociaux depuis la mort du pape François et ce jusqu’à l’élection du pape Léon XIV.
Les journalistes et spécialistes en tout genre nous ont décrit une Eglise catholique divisée entre conservateurs et progressistes, entre dogmatiques et pastoraux. Ces étiquettes étant collées par les uns et par les autres à ceux qui n’ont pas leur sensibilité. Je ne nie pas cette réalité. Je pense qu’elle a toujours existée et ce depuis la naissance de l’Eglise.
L’Eglise a toujours marché sur ses deux jambes, celle de l’attachement à la tradition et celle de l’ouverture à la modernité, et ce tout au long de son histoire. Elle a parfois boité un peu portant plus sur l’une que sur l’autre, mais cela ne l’a pas empêché de traverser les siècles, d’annoncer l’Evangile, de participer à la croissance du Royaume de Dieu déjà ici bas.
Il ne nous faut donc pas nous étonner qu’il en soit ainsi aujourd’hui encore, même si l’on peut déplorer qu’en certains lieux les chrétiens aient du mal à cohabiter, à s’entendre à cause de ces sensibilités théologiques et pastorales différentes.
On peut aussi regretter que certaines manifestations de ces sensibilités puissent être perçues comme un peu agressives ou tout du moins voulant s’imposer et devenir l’unique chemin pour tous.
Il me semble que Jésus, dans l’évangile de ce jour nous invite à dépasser ces conflits en nous invitant à nous laisser conduire par son exemple. « Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »
Et c’est aussi ce qui semble être le programme de notre nouveau pape. Sa devise « In illo uno unum ». « En celui qui est un, soyons un » nous éclaire. Son insistance sur la paix, sa méfiance des idéologies, son sens du dialogue, son attention aux autres, en particulier aux plus fragiles, son insistance sur la fidélité au concile Vatican II et sur la synodalité, en sont les signes. Un pape qui se situe résolument dans la lignée du pape François mais à sa manière à lui.
A mesure que nous apprenons à mieux le connaitre nous découvrons un homme d’écoute, qui prend son temps pour décider mais qui sait être ferme quand il le faut. Il ressort de son apostolat sur le diocèse péruvien de Chiclayo que ce n’est pas quelqu’un qui brusque, mais qui avance par petits pas.
Prions pour qu’il nous aide à avancer, chacune et chacun et tous ensemble, sur ce chemin de paix et d’amour, seul chemin de construction d’une Eglise qui soit celle du Christ, fraternelle, ouverte à tous et missionnaire.