Un regard de bienveillance qui scrute les signes  de lumière divine…

« Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre…. Aimez vos ennemis »
Peut-on dire à une femme battue par son mari de tendre l’autre joue ? Peut-on dire aux Ukrainiens de tendre la joue et d’aimer ceux qui massacrent leurs mères,  femmes, leurs enfants ? Ces paroles, prisent à la lettre sont inaudibles dans un contexte de violence extrême.  Mais je ne crois pas que Jésus veuille nous donner dans cet évangile un manuel de gestion de crise familiale ou internationale.  Je ne crois qu’il veuille  nous donner la recette miracle face à une agression violente ou meurtrière.  Il nous invite à tout  autre chose, il nous invite à lever les yeux plus haut, à regarder, à contempler l’amour de Dieu notre Père, l’amour infini dont il nous comble.
« Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. »

Nous aimerions parfois qu’il en soit autrement. Si Dieu pouvait punir les méchants, faire périr ceux qui causent des malheurs, cela simplifierait la vie de tout le monde. Mais il n’en va pas ainsi, Dieu refuse d’intervenir ainsi. Et c’est probablement une chance pour nous. Car qui d’entre nous peut dire qu’il n’a jamais usé de violence au moins verbale ? Qui peut se venter de n’avoir jamais blessé quelqu’un, de n’avoir jamais fait souffrir d’une manière ou d’une autre une sœur ou un frère en humanité ? Dieu ne trie pas l’ivraie du bon grain parce qu’il sait mieux que personne qu’ils sont bien trop imbriqués l’un dans l’autre.
Dieu aime tous les hommes, qui qu’ils soient, qu’elle que soit leur  vie. Il n’excuse pas,  ne justifie pas, n’approuve pas ce que les hommes font de mal, mais il aime chacun d’un amour unique avec une foi absolue et indestructible  dans le fait que chacun  est capable de donner un jour le meilleur de lui-même. Dieu ne désespère jamais de personne,  bien au contraire il espère toujours notre conversion, il attend toujours, inlassablement que nous nous retournions vers lui.
C’est ce que Jésus nous dit dans cette phrase qui conclue l’évangile de ce jour «  Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » Jésus affirme que nous serons un jour parfaits comme notre Père céleste est parfait !
Pour cela il nous invite à avancer sur ce chemin de la perfection en essayant de notre mieux d’adopter déjà son regard sur tous nos frères et sœurs. Un regard de bienveillance, un regard qui cherche ce qu’il y a de beau et de grand chez l’autre, un regard qui scrute les signes  de lumière divine en lui, un regard qui fait confiance et qui croit en l’autre.
Il nous invite à accorder notre manière d’être à la sienne, à ouvrir notre cœur à tous, à ne pas chercher notre propre intérêt mais celui du bien commun, à apprendre à donner, à partager, à soutenir, à aider, à porter, à soigner.
Et si la souffrance que l’autre m’inflige est trop forte pour que je puisse lui pardonner, si son attitude m’interdit de lui tendre la main, alors il me reste la prière. « Priez pour ceux qui vous persécutent » nous dit Jésus. Porter devant Dieu ce frère, cette sœur, lui demandant de convertir son cœur et de le sauver lui aussi. Prier pour demander à Dieu de tuer toute haine et tout esprit de vengeance de nos cœurs. Prier pour déposer nos souffrances en ses mains, pour lui demander de nous aider à les assumer. Prier pour qu’il entretienne contre vents et marées la flamme de l’Espérance en nous. Enfin prier pour qu’il fasse de nous de véritables artisans de paix, et que cette paix se fasse contagieuse et qu’elle gagne tous les cœurs et tous les peuples.