Le confinement qui commence à s’assouplir en ces jours a produit des effets divers et variés et parfois étonnants. Il a mis à genoux l’économie mondiale, il a provoqué des crises terribles dans des familles, il a isolé et déprimé bien des personnes et en particulier en EHPAD, il a mis à l’épreuve bien des nerfs et nous a privé de l’eucharistie et de vie sociale et ecclésiale. Mais il a aussi ouvert nos yeux. Il nous a donné de voir des personnes que nous croisions sans les remarquer, auxquelles nous ne faisions pas trop attention. Le personnel soignant à qui nous disons tous les soirs notre reconnaissance, mais aussi ceux qui assurent la propreté, les éboueurs, les caissières de magasins de biens de première nécessité et ceux qui remplissent les rayons, ceux qui transportent ces biens dont nous avons besoin, les employés de la postes, ceux des pompes funèbres, les couturières qui font des masques, les enseignants dont beaucoup mesurent aujourd’hui le mérite, les gendarmes, le voisin qui nous a rendu service, et j’en oublie, qu’ils veuillent bien me pardonner. Nos yeux se sont ouverts et nous mesurons combien, ces métiers si peu valorisés nous sont indispensables, vitaux, bien plus que certains plus en vue et dont nous découvrons toute la relativité.
Le confinement a aussi réveillé notre mémoire et nous avons appelé des gens que nous n’avions pas contactés parfois depuis des années. Leur souvenir nous est devenu précieux, leur visage nous ont tout d’un coup manqué.
Ce regard nouveau, cette mémoire retrouvée nous révèlent combien ce qui est le plus précieux pour notre vie ce n’est ni les biens de consommation, ni les gloires médiatiques, mais bien les personnes que nous côtoyons au quotidien, les solidarités de proximité, les personnes chères à notre cœur. C’est là notre plus grande richesse. Et ce qui nous réjouit avec le dé-confinement, c’est bien de pouvoir nous retrouver, nous visiter, boire et manger avec ceux que nous aimons, en respectant les mesures barrière bien entendu.
Il serait regrettable que ce regard nouveau, cette mémoire réveillée, s’étiolent, disparaissent, avec le retour à la vie dite normale.
Je vous invite à jeter un œil aux Évangiles et de chercher le regard que Jésus porte sur tous ceux qu’il rencontre. Vous y découvrirez un regard qui réveille, qui met debout, qui rassure, qui libère. Et ce parce qu’il est toujours un regard miséricordieux, ce qui veut dire plein d’attention, de bienveillance, de tendresse, de confiance, de pardon. Jésus voit en chaque personne tout son potentiel de beau, de vrai, de grand, d’amour. Il connait la richesse unique et précieuse de toute personne. Et ce regard révèle à chacun qui il est vraiment, sa valeur inestimable et ce qu’il peut donner.
Si le confinement nous a donné un peu du regard de Jésus sur nos frères et sœurs, alors il n’aura pas été inutile, mieux il aura été une bénédiction.
JL Barrié