A l’heure où, après un professeur, ce sont trois chrétiens qui ont été assassinés dans une église à Nice, à l’heure où notre pays entre de nouveau en confinement, que la pandémie semble plus forte que jamais, que l’économie est en danger, que beaucoup redoutent pour leur emploi ou leur entreprise, nous sommes invités à nous rassembler autour du Seigneur pour célébrer la fête de tous les saints. Et nous entendons Jésus nous dire que ce que Dieu veut pour nous c’est notre bonheur.
Monté sur la montagne, il répète le mot «heureux » neuf fois, plus un « réjouissez vous si l’on vous persécute». Comment comprendre ses paroles aujourd’hui ? Il nous parle pourtant d’un bonheur que nous espérons tous et qui semble aujourd’hui bien bousculé en ces temps de crise.
Dans l’histoire de l’Église beaucoup de saints se sont révélé justement dans des temps de crise. Pour notre diocèse nous pouvons retenir par exemple Saint Amans premier évêque de Rodez qui fit face au paganisme qui avait repris le pouvoir à Ruthène, Sainte Foy martyre sous les terribles persécutions du 3ème siècle, Saint Fleuret qui au 5ème siècle combat la crise de l’Arianisme qui faillit emporter l’Église, plus près de nous, le bienheureux Charles Carnus martyr sous la révolution française, quelques décennies plus tard Sainte Emilie de Rodat qui crée une école pour combattre l’illettrisme des filles pauvres et fonde une maison pour accueillir les femmes en détresse. Plus largement on peut penser, en ces temps de pandémie, à Saint Roch, très populaire chez nous, qui au 14ème se mit au service des malades de l’épidémie de peste et en mourut. Et plus proche de nous Edith Stein, Marcel Callo, Maximilien Kolbe, morts dans les camps de concentrations nazis à cause de leur foi. Sans oublier le père Jacques Hamel en voie de canonisation et les trois victimes de Nice.
Dans les temps de crise l’humanité a besoin d’hommes et de femmes qui se dressent, font face, là où ils sont, dans les situations sociales et ecclésiales qui sont les leurs pour manifester la tendresse et la miséricorde de Dieu et pour maintenir allumée la flemme de l’Espérance.
Aujourd’hui, plus que jamais peut-être, notre monde à besoin de saint. Non pas des êtres parfaits, mais des personnes qui de leur mieux, à leur niveau, essaient de vivre les béatitudes, béatitudes de l’humilité, de la compassion, de la douceur et de la tendresse, de la justice, de la paix, de la pureté d’intention et du don de soi. Telle est la réponse que Dieu et le monde attendent de nous. Nous sommes tous appelés à cette sainteté et le monde à besoin que nous soyons des saints.
Le monde à besoin que nous sachions manifester autour de nous la douceur, la tendresse, la miséricorde de Dieu, que nous sachions construire et défendre la paix et la justice, que nous sachions donner notre vie pour que l’Espérance naisse et grandisse dans le cœur de nos contemporains. Que nous sachions, comme le dit le pape François, répondre au mal par le bien.
Le monde à besoin que nous soyons tous et chacun, chacune, des «héros de l’ordinaire » si je peux me permettre d’emprunter l’expression entendu à l’occasion des hommages rendus à Samuel Paty.
Oui, soyons tout le mois que vient, dans ce confinement si difficile pour beaucoup, et après dans la crise sociale et économique qui se dessine, face aussi au fanatisme, soyons des « héros de l’ordinaire », des saintes et des saints pour que la vie soit plus forte que la mort, pour que l’amour l’emporte sur la haine, pour que la justice, la paix, la douceur gagnent les cœurs.
A l’exemple et à la prière de tous ceux qui nous précèdent dans la gloire du Père donnons nos vies ici bas pour qu’elles s’épanouissent un jour en Dieu.