Nous avons été baptisés « au nom du Père, du Fils et du St Esprit » et nous commençons toutes nos prières personnelles et communautaires par le signe de la croix, en disant « Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit ».
Nous traçons sur nous un signe qui comprend une dimension verticale et une dimension horizontale. Nous nous inscrivons physiquement dans cette double dimension.
La verticale nous rappelle que notre vie doit s’orienter vers plus haut, plus grand que nous, vers Dieu qui donne sens à notre vie, qui nous invite à nous dépasser, à le rejoindre en sa gloire, à ouvrir notre cœur à son amour parfait et infinie. Par cette verticalité nous exprimons notre désir de chercher notre bonheur ailleurs que dans les biens matériels et leur consommation. Nous ouvrons notre vie, notre être, à l’éternité, à l’absolue de Dieu.
L’horizontale nous invite à partager cet amour de Dieu à tous nos frères, à ne pas vouloir vivre seul, se suffire à soi-même et à ne nous concevoir qu’en relation et interdépendance avec les autres. Des Christs en croix du 12ème siècle ont des bras surdimensionnés par rapport au reste du corps, pour signifier que Jésus, sur la croix embrasse toute l’humanité. C’est à cette dimension que nous ouvre l’horizontalité du signe de la croix.
Un père de l’Église a écrit que l’homme est créé en forme de croix, à moins que ce soit la croix qui soit faite en forme d’être humain. De fait elle nous inscrit dans une double dimension essentielle à notre existence et à notre vie de foi.
Dans le signe de la croix, si souvent fait, peut-être mal fait, trop rapide et trop mesquin, le geste est aussi accompagné de la parole. « Au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. »
Au nom du Dieu trinité. C’est à son nom que la verticalité et l’horizontalité de notre vie trouve sens.
Dieu trinité, c’est-à-dire à la fois unicité et différences. Chacune des personnes de la Trinité a son identité propre et aucune ne vit pour elle-même, elles ne sont, elles ne se conçoivent qu’en communion l’une avec l’autre, chacune dans leur particularité.
Un théologien, Ghislain Lafont, à écrit : « Aucune des personnes divines n’a d’identité séparée : le Père est engendrement, le Fils est action de grâces, l’Esprit est lien, et cela éternellement. C’est leur relation qui les constitue personnes : c’est leur personnalité qui les oriente vers l’autre. Ni le Père, ni le Fils, ni le Saint-Esprit ne s’approprient rien, jamais. Ils ont de l’Autre, pour l’Autre, en l’Autre. »
Cette communion, ce don mutuel, c’est amour infini et parfait qui les unis, doit aussi s’inscrire en notre vie. Faire le signe de la croix en prononçant le nom de Dieu Trinité, c’est aussi vouloir vivre au quotidien, dans les plus petits riens de notre existence ordinaire, cette communion, dans le respect de la différence, dans la mise en valeur de la particularité de l’autre, dans le refus de s’approprier l’autre, dans le don de soi à l’autre.
Notre foi en Dieu Trinité devrait se manifester par notre capacité à vivre les différences dans la même dynamique qui anime l’être même de Dieu. C’est à cette communion que nous sommes invités au sein de notre Église, de nos communautés, de nos familles, de nos groupes divers, dans tous les domaines de la vie sociale. C’est là la clef de notre bonheur, c’est l’art de vivre des chrétiens.
Demandons à Dieu Trinité de nous en donner la grâce.