Pour l’unité dans l’amour

Homélie du Père Jean-Luc Barrié :
St Jean conclu ce passage de son évangile par ses mots « Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. » Le premier signe, le premier miracle de Jésus consiste à sauver une fête de mariage. De fait sans vin la fête était terminée, et la honte tombait sur les mariés et leur famille.
Pour éviter une telle catastrophe Jésus transforme de l’eau en vin. Mais pas n’importe quelle eau, celle tirée des jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs nous dit St Jean. Jésus transforme l’eau de l’obéissance à la loi juive en vin délicieux pour donner de la joie à tous les convives. Ces jarres sont le symbole de la loi de Moïse et de toutes ses prescriptions rituelles, et c’est de cette eau que va jaillir la joie des noces. Par ce signe, je crois que Jésus nous invite à passer de la loi à la joie. Où plus exactement il nous invite à ne pas oublier que le but de la loi c’est la joie. Il n’abolis pas la loi, il le dira lui-même en Matthieu « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » c’est-à-dire en révéler le sens profond, le but ultime.

La loi n’a de sens pour Jésus que comme chemin de joie, chemin du bonheur que Dieu veut pour nous, de cette béatitude qu’il est venu nous annoncer, le Royaume de joie et de paix qu’il est venu apporter et qui est déjà parmi nous.
En cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens je me demande si ce qui créé des divisions entre Eglises, au sein de l’Eglise catholique et même de notre communauté ce n’est pas le fait de vouloir faire de notre chemin de joie personnel une loi. Je m’explique.
Nous avons tous une sensibilité spirituelle, des orientations pastorales, des convictions théologiques, qui sont pour nous chemin de vie chrétienne, chemin qui nous conduit au Seigneur et à la joie de son royaume. Ces options auxquelles nous tenons, qui nous sont chères, sont pour les uns la prière, pour d’autres la tradition, le latin, pour d’autres encore l’attention aux pauvres, ou l’ouverture aux périphéries, pour d’autres l’exigence d’une doctrine forte, etc.
Ces opinions, ces sensibilités, qui à nos yeux sont le chemin de joie par excellence, le danger consiste à vouloir les imposer aux autres ou en tout cas qu’elles soient le moteur de la pastorale de la paroisse, du diocèse.. Nous faisons alors de notre chemin de joie une loi. Dans ce cas l’unité de l’Eglise ne peut être que mise à mal, car ainsi nous créons des conflits, nous provoquons des exclusions, des rejets et de la souffrance.
St Paul nous l’a dit dans la deuxième lecture « L’Esprit distribue ses dons, comme il le veut, à chacun en particulier… À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien. »
Chacun de nous est animé par l’Esprit Saint, et s’il sait ce mettre à l’écoute de cet Esprit il pourra apporter sa pierre, sa part originale à la construction du bien commun, de l’Eglise, une famille faite de membres divers mais appelés à s’aimer, à s’écouter, à se respecter et à avancer ensemble sous la pulsion du même Esprit pour le salut du monde.
Cette semaine, prions pour que nous sachions de pas faire de notre joie une loi et que nous apprenions toujours plus à nous écouter, à être attentifs à ce que celui qui pense différemment apporte à la l’Eglise pour que grandisse l’unité.
Que Dieu nous donne d’être des pèlerins de l’Espérance en étant artisan d’unité.