Cela ne veut pas dire…

La première lecture et l’Evangile de ce jour nous invitent à vivre la correction fraternelle, à savoir aller vers un frère ou une sœur avec qui nous avons un différent et essayer de le régler dans le dialogue. Jésus nous donne même une progression à suivre pour le vivre de manière proportionnée et respectueuse.  Tout cela ne peut que nous paraitre très sage et très bénéfique pour nos communautés et pour le monde. Imaginons un instant que tous les conflits familial, de voisinage, communautaire, ecclésial, national et même international se règlent ainsi et nous vivrions dans le meilleur des mondes, dans la paix et la fraternité universelle et éternelle.
Malheureusement nous savons qu’il n’en va pas ainsi que les choses sont un peu plus compliquées même si cet idéal reste un repère, un objectif à atteindre.
Difficile à mettre en œuvre peut-être aujourd’hui plus qu’hier, car les positions se sont radicalisées, que l’écoute mutuelle est devenue très difficile dans un monde où l’affectif à pris le pas sur la réflexion et l’analyse distanciée, où les influenceurs sur internet ont plus de poids que les experts, où les invectives et les insultes ont remplacé  le dialogue et la confrontation d’idée. Et même dans notre Eglise, la diversité dont nous savons qu’elle est une richesse, devient parfois source de conflit quand une sensibilité liturgique ou pastorale veut s’imposer à tous sous prétexte qu’elle serait l’avenir de l’Eglise ou plus fidèle à la tradition.
Oui les conseils de Jésus sont précieux pour nous mais bien difficiles à mettre en œuvre.
Saint Paul dans la deuxième lecture nous dit « celui qui aime les autres a pleinement accompli la Loi. » Notre rapport à la loi, aux règlements et à nos idées, idéologies, sensibilités différentes devrait toujours être interrogé, questionné par le seul commandement que Jésus nous a donné : « Aimez vous les un les autres comme je vous ai aimé. »
Est-ce que dans ma manière de porter mes projets, mes idées, mon ressenti il y a place pour l’amour de celui à qui je m’adresse ou même à qui je m’affronte, avec qui je suis en désaccord ?
Dans nos dialogues et confrontations  est-ce bien l’amour qui est premier ?
Cela ne veut pas dire renoncer à ses opinions sous prétexte de ne pas s’opposer mais questionner la manière dont je suis porteur de cette opinion, comment je la défends, comment je respecte mon interlocuteur, comment j’accepte de l’écouter en essayant d’entendre ce qu’il peut dire de juste et de vrai qui peut enrichir ma propre réflexion.
Croyez bien qu’en disant ces mots j’en mesure toute la difficulté.
Alors revenons à l’évangile : «  si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. » nous dit Jésus.
Mettons nous d’accord, si vous le voulez bien, pour demander au Seigneur de nous donner la force de son amour pour que nous puissions vivre nos relations, nos recherches, nos dialogues et même nos conflits dans son Esprit, animés par son amour qui est don de soi pour le salut du monde, qui est infinie tendresse, justice et paix.