Il est des droits fondamentaux…

Nous fêtons aujourd’hui, pour conclure l’année liturgique, le Christ Roi de l’univers. Roi, oui, mais peut-être pas à la manière des rois que  nous connaissons ou qui ont gouverné notre pays, ni comme des chefs d’États …
St Paul nous dit de lui «  C’est lui qui doit régner jusqu’au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis.  Et le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort » Un roi qui anéanti la mort !
On attend beaucoup d’un roi ou d’un chef d’Etat. Il doit assurer notre sécurité, la paix sur notre pays, la justice et les services publics, le droit à la santé à une juste rémunération et une juste retraite, l’éducation pour nos enfants, des aides en cas de malheur ou de difficulté, etc.  Rien de plus normal.
Le Christ Roi de l’Univers se situe d’une toute autre manière face à nous. Il nous dit « J’avais faim, j’avais soif, j’étais un étranger, j’étais nu, j’étais malade, en prison… et vous êtes venu ou pas à mon secours. »  C’est donc un roi qui s’identifie aux plus pauvres, aux plus fragiles, aux plus dépendants, aux plus petits et qui nous dit qu’ils sont sous notre responsabilité, qu’il est de notre responsabilité et non de la sienne, de les aider, de les écouter, de leur porter attention, de leur donner ce dont ils ont besoin, ce à quoi ils ont droit en tant que frères et sœurs en humanité.
Il ne nous fait pas de promesse électorale qu’il ne pourra assurer, il nous met face à nos propres responsabilités. Lui qui doit anéantir le mal, nous demande de prendre notre part, il nous demande de ne pas nous dédouaner de nos responsabilités sur lui, il nous demande de prendre le monde en main et de participer là où nous sommes, dans ce qui relève de nos possibilités, de combattre ce mal, la souffrance, l’injustice, la violence, l’oppression, tout ce qui fait obstacle au bonheur que Dieu veut pour chacun de ses enfants bien aimés.
Avec le Roi de l’univers il ne suffit pas de glisser un bulletin de vote dans une urne il faut engager toute sa vie, toute son énergie à travailler autour de soi et dans le monde à une juste répartition des richesses, au droit au soin pour tous, à une éducation et formation des enfants et des jeunes, un accès à la culture, à la paix et la sécurité des personnes et des biens. Il est des droits fondamentaux qui rejoignent le projet de Dieu pour l’humanité et toute atteinte à ces droits est un acte contre Dieu. ‘Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.’ ‘Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.’ Ces deux phrases sont terribles et devraient, si nous les entendons et prenons au sérieux, nous interpeller fortement et nous garder en permanence éveillés sur ces droits fondamentaux.
Notre monde est bien malade. En plusieurs lieux ces droits sont bafoués de manière inique, avec une violence inouïe.  En ce dernier dimanche de l’année liturgique, demandons au Christ Roi de l’univers de mettre en nos cœurs, et dans celui de tous nos contemporains, la ferme volonté de participer de toutes nos forces  à la croissance de son royaume d’amour, de paix, de justice, de fraternité.
En chaque sœur, en chaque frère en difficultés, en fragilité, mis en danger, maltraité, humilié ou abandonné, voyons le visage du Christ et ne détournons pas notre regard, bien au contraire allons à lui et luttons avec lui et pour lui.  Je crois que le bien est contagieux, que l’amour est contagieux, faisons le prospérer chez nous, autour de nous, et qui sait peut-être pourra-t-il contaminer le monde entier.

Jean Luc BARRIÉ